Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

dimanche 18 novembre 2012

La procession traditionnelle de l'Université

Un nouvel article pour vous proposer plein de photos du défilé traditionnel de vendredi ! Le 16 novembre est la date anniversaire de la création de l’Université Autonome du Béni José Ballivian. Et pour fêter ça, chaque année il y a une procession de l’Université jusqu’à la place centrale de la ville, avec danses et costumes traditionnels de la région. Des milliers de gens, organisés par filières universitaires, avec professeurs et élèves. Un énorme pataquès plein de couleurs ! Comme d'habitude, vous pouvez cliquer sur les photos pour les voir en grand !

Chaque filière a élu sa reine de beauté, qui ouvre en général le cortège, avec la couronne de plume typique des Moxos, la population indigène la plus importante du département. Tellement importante en fait que la plupart des costumes sont des variations sur cette base. 

Le défilé s’est approché de la place centrale vers 14h et a fini vers minuit. J’en ai eu marre avant, et je suis rentré me rafraichir et finalement tomber de sommeil, après une longue journée colorée. 

 Chaque filière se présentait devant un podium où siégeaient les pontes de l’Université, ainsi que des invités politiques variés. J’ai pu entrevoir notamment une des candidates pour les futures élections départementales qui vont avoir lieu bientôt. 
 Et pour chaque filière une danse de la région, plus ou moins traditionnelle. Et tout cas toujours des rythmes que je connaissais, de ceux qui se dansent à toutes les soirées. Et donc des chorégraphies plus ou moins typiques. Avec trois catégories : typique,  stylisée ou nationale, pour un prix à la fin.
 Dès la nuit tombée, mes photos sont catastrophiques, et je n’ai donc que peu de danses purement typiques et aucune danse provenant d’autres régions, bien que j’ai pu en apercevoir certaines, très différentes ! Il parait qu'il y a eu la danse traditionnelle siriono aussi, mais tard dans la nuit, je ne l'ai pas vu.

J’ai tenté de capter en vidéo trois morceaux de danses, pour donner une idée de l’ambiance, mais je ne peux pas les uploader depuis la Bolivie, ce serait trop long. C’était assez fun de voir toute cette énergie et toute cette bonne ambiance, malgré le côté un peu formel de la procession.

 Ce qui m’a intéressé surtout, c’est qu’il s’agit d’une manière d’intégrer l’université dans la société, de montrer les étudiants et les professeurs, de faire connaître les différentes filières. Et mine de rien, je pense que ça aide à la paix sociale et aux choix des jeunes qui veulent/peuvent suivre des études universitaires.
 Ça aide aussi les jeunes à se rapprocher, avec beaucoup de danses de couples, des sortes de ballets très rigides mais pas toujours dénués de sensualités. Avec plus ou moins de respect pour le corps, qui n’est jamais dénudé – la religion est très puissante – mais souvent partiellement rendue visible.


C’est aussi un moyen de rendre les gens fiers des productions artisanales de leur département, avec d’innombrables parures de graines et de plumes, qui produisent de biens belles choses. Et le tout, avec peu de ventes autour, malgré tout.
Je me disais en voyant tout ça qu’il serait bien improbable de voir la même chose en France (et autour aussi, sans doute, mais je connais moins). La fierté d’appartenir à une filière universitaire existe parfois, au sein de fédération plus ou moins soudées, mais elles n’ont aucune visibilité sociale et ne promeuvent aucune culture spécifique, sinon celle de l’alcool-roi.
Par ailleurs, la France (idem) a perdu toute sa culture traditionnelle et peu de costumes persistent. Il y a bien les vêtements savoyards ou bretons, mais bon…qui imaginerait un défilé de variations sur le thème de ses costumes là ? La couture en France a laissé la place à la mode, et les costumes aux tenues. De là à voir des étudiants défiler en Dior ou Gautier, ça me ferait mal. Le côté festif sympathique y perdrait beaucoup.
 Je me contente donc d'apprécier le spectacle, et de faire quelques photographies pour pouvoir vous les faire découvrir ! J'espère que vous aurez passé un bon moment et que cela vous aura donné envie de voyage, et qui sait, un jour on ira peut-être ensemble au carnaval de Rio ?

Une semaine sur la colline

Je suis de retour en ville et je me fais un devoir de vous donner de mes nouvelles ! Je vais vous proposer plusieurs articles, si j’arrive à trouver la motivation de les écrire. Celui-ci sera sur la semaine qui vient de s’écouler et les autres sur le weekend.
La vue depuis l'avant de la maison, au fond à gauche, l'école.
J’étais donc à Ibiato, village principal des Sirionos, dont j’avais parlé l’année dernière dans pas mal d’articles, dont celui-là, où je racontais la création historique du village. J’y suis arrivé un vendredi soir et je me suis endormi tout de suite, après une longue journée dont je vous passerais les détails. J’ai pu voir le lendemain ce qui changeait dans la maison où je réside. Il s’agit de la même maison que l’an dernier, malgré le projet qu’avaient mes hôtes de déménager. La femme est tombée malade assez gravement, et à la sortie de l’hôpital on lui a dit de ne plus faire de cuisson au four, que la fumée n’était pas bonne pour elle. Fini donc le pain chaud un jour sur deux. Mais en contrepartie, ils ont acheté un frigo, pour conserver des boissons et faire des sortes de glaces avec du parfum industriel. Ce qui leur permet d’en vivre, plus ou moins.
Vue côté droit, le terrain de foot et au fond, en bleu, une église de l'Assemblée de Dieu
 C’est en tout cas une bonne chose pour moi, puisque je peux y conserver une bouteille d’eau froide en permanence ! Par ailleurs, les bons samaritains ont fourni à tout le village des bonbonnes pour filtrer l’eau, qui la rend moins salée et sans doute un peu plus saine. Ils ont aussi acheté un ventilateur, ce qui rend les brûlantes après midi plus supportables, voir même presque agréables. Il manque encore un coin décent pour se baigner, avec un bac suspendu et des pieds au sec, mais faut pas trop en demander.
Au gauche en vert, la bonbonne d'eau, ensuite le frigo et derrière le rideau, ma chambre
Dernier changement dans mon logement, et pas des moindres, j’ai une chambre seul maintenant ! Les parents ont déplacé le lit des enfants dans leur coin, à côté de la cuisinière à gaz, et j’ai donc un espace rien qu’à moi, où je peux m’isoler pour travailler, et même y inviter des gens pour travailler presque au calme.
Vue depuis la porte de ma chambre, à droite la télé.
Ce que j’ai pu faire pendant la semaine passée. Elle a en fait commencée par une réunion territoriale où vinrent une cinquantaine de Sirionos, et où j’ai pu me présenter et expliquer mon projet. Ca c’est bien passé et j’ai même eu un soutien relativement plus fort que l’année passée. Il semble que la situation ait un peu changée, avec la nouvelle loi sur l’enseignement bilingue obligatoire. La langue est passée à un plan un peu plus prioritaire et les gens la parlent bien plus souvent.
Un bout de ma chambre, à gauche la caméra sur son pied, à droite mon ordinateur, en face mes vêtements en vrac

Le professeur avec lequel j’avais travaillé l’an dernier n’a toujours pas obtenu son diplôme pour n’enseigner que le siriono, mais il y travaille. Il a par ailleurs approuvé une grande partie des conclusions de mon mémoire de Master 2, même certains points complexes. L’ingénieur informaticien du village est parti, ce qui est un peu dommage, je l’aimais bien. La femme de l’ingénieur agricole de La Paz, qui est aussi la fille d’un des plus vieux du village, elle est devenue secrétaire pour le Conseil Siriono. Et elle a notamment pour objectif de répondre à un projet à l’échelle national (mais non institutionnel) de construire un Centre culturel et linguistique siriono. Pour cela elle commence à rassembler les documents qu’elle trouve sur les Sirionos, et je pense que l’on va pouvoir collaborer pas mal à l’avenir, ce qui est plutôt chouette.
Le gardien de la chambre, peut-être. L'an dernier c'était un crapaud.


Pour finir, j’suis retourné à Trinidad pour le weekend sans avoir vu le temps passer, et en ayant travaillé énormément, ce qui est vraiment très bon signe pour la suite, même si je sais que la saison des pluies va vraiment commencer, et qu’il sera alors plus difficile de faire des enregistrements. Je pourrai alors me concentrer sur la transcription, qui est ce qui m’intéresse le plus en réalité, et ça devrait donc aller ! Je vous expliquerai tout ça plus en détail, si ça vous intéresse ! Sinon, je vous donne rendez-vous au prochain message !

vendredi 9 novembre 2012

Trinidad en novembre


J’ai déjà beaucoup parlé de Trinidad l’année dernière, avec mes premières impressions, une première visite du centre puis une autre visite du quartier de Pompeya. Je vais cependant vous en reparler, car mes impressions sur la ville sont nouvelles. Je vous proposerais quelques photos plus spécifiques que ce que j’ai pu vous montrer l’année dernière, sauf les deux premières, pour que vous resituiez un peu le style de la ville.
La place centrale

Trinidad, c’est une petite ville en Bolivie, mais qui est en pleine expansion. Le niveau de vie moyen est en augmentation et la population également. C’est le chef-lieu du département du Béni, qui couvre une bonne partie du territoire bolivien. C’est un département riche, grâce aux élevages immenses et à l’exploitation forestière. La ville est entourée de communautés indigènes plutôt bien intégrées dans la vie de la cité, et la proportion de « blancs » est très faible. D’autant plus qu’il n’y a pas de touristes à Trinidad, car rien d’historique ou de particulièrement enthousiasmant. Il y en a quand même, parfois. Le pape Jean-Paul II est venu une fois, il a béni la ville, qui est donc maintenant la Sanctisima Trinidad.
La catédrale centrale de la ville

Ce n’est pas la seule église ici, et à chaque coin de rue apparait une nouvelle bâtisse sacrée, dont celle du candidat à l’élection américaine Mitt Romney. Beaucoup d’écoles sont religieuses également.
Un église mormone

Je suis arrivé en ville sous la pluie, et en fait, c’est bien. La plupart des maisons disposent de leurs propres trottoirs, souvent couverts. Il est donc possible de se déplacer en ville sans être constamment sous la pluie. Mais ce qui m’a surtout plu, c’est que la pluie entraine un mouvement des eaux d’égout, qui ne stagnent pas, et puent moins. C’est vraiment notable.
C'est vraiment n'importe quoi

Un autre fait impressionnant, c’est le développement de la ville. Depuis l’an dernier, j’ai pu constater l’ouverture de plein de petites boutiques à l’occidental, avec uniquement des vêtements, ou uniquement des chaussures de sport, tandis que la tradition ici est plutôt le marché couvert avec tout en vrac. J’étais content de voir également que le bâtiment en construction devant lequel je passais souvent a donné naissance à une magnifique Maison de la culture du Béni, dans laquelle il y a un centre artisanal et une bibliothèque vraiment très belle.
La maison de la culture flamboyante

En centre-ville aussi, les changements sont visibles. Il y a davantage de 4x4, même si le nombre de motos n’a pas décru. J’ai croisé pas mal de gens habillés de chemises-cravates propres et donnant une impression de réussite, mais c’est peut-être dû à l’événement sportif en cours. L’arroyo, l’espèce de fleuve vivant qui traverse la ville est par contre toujours aussi glauque, avec pas mal de poubelles renversés sur les berges. Les publicités sont également bien plus nombreuses en ville, et notamment sur des écrans vidéo géants, comme ici à droite.
De la publicité intrusive aaaaaaaaaah

Le quartier de Pompeya, où j’ai une chambre ces jours-ci a lui aussi beaucoup changé. En son centre trônait une sorte de chantier moche qui a donné naissance à un parc aéré et qui promet d’être très agréable quand il sera complétement terminé. Les routes autours sont en train d’être tassées et remises à neuf, ce qui donne au quartier une toute autre allure. Ca reste un quartier pauvre, mais il est beaucoup moins inquiétant et les taxis ne font pas une tête bizarre quand on leur dit que l’on veut s’y rendre.
Au fond, en bleu, c'est le marché couvert de Pompeya

Et une dernière photo pour la route, avec une connaissance, qui a lui aussi profité du temps depuis ma dernière visite ! En effet, si vous regardez bien (j’ai pas réussi à faire une belle photo, j’suis déçu) vous pourrez voir que le paresseux porte son petit contre son ventre pour faire ses cabrioles dans les arbres ! Je vous montrerais bien une vidéo que j’ai pris de lui, mais la connexion est trop mauvaise par ici pour espérer l’uploader, je vous la proposerai plus tard !
Coucou, l'ami !

C’est fini pour ces jours-ci, et après un rythme enlevé, je risque de ne pas vous donner de nouvelles pendant plusieurs jours ! En effet, je partirais sans doute sous peu au village d’Ibiato ! Je serai content de lire vos commentaires, questions ou messages de soutien ! Et à bientôt pour de nouvelles aventures !