Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

mardi 28 mai 2013

La récolte de miel

La semaine dernière je suis allé dans la jungle. Après en avoir discuté avec plusieurs personnes du village, nous avons convenu de n'y aller que pour la journée et non pour deux jours comme ils le font plus souvent. C'est que la fête de Trinidad approchait à grand pas et qu'ils espéraient pouvoir y vendre leur récolte !

Nous nous sommes retrouvé le matin, pour aller en moto jusqu'à l'endroit où ils voulaient se rendre. Nous étions six : Zoilo, propriétaire de quelques ruches et formé à l'apiculture ; Pedro Pepe, un vieux qui m'avait raconté plusieurs fables l'année dernière ; Hugo, mon informateur principal que je vous ai présenté la semaine dernière ; David, le guide que je ne connaissais pas et qui mâchait des feuilles de coca et pour terminer : Mathieu, touriste français en visite pour la semaine. Un mec sympa qui a rencontré Hugo dans le bus pour aller de Santa Cruz à Trinidad. Il a passé la semaine avec moi et c'était vraiment cool du coup ! Et merci à lui pour ses photos, que je vous propose aussi pour agrémenter ce récit !

Une ruche de Zoilo
Nous sommes partis en moto avec Gabriel et Nachin, deux taxis du village. Ils nous ont déposé sur le bord du chemin, à côté d'une maison abandonnée. Pedro Pepe en a profité pour aller chaparder quelques citrons verts, que nous avons mangé et écrasés dans notre bouteille d'eau. Il faisait chaud, mais pas tant que ça, le ciel était couvert et globalement, le temps était meilleur que ce qu'il est en France en ce moment, paraît-il. Nous sommes donc entrés dans la jungle, en marchant en file indienne. L'obligation de passer entre les fils de fer rappelait que nous n'étions pas des explorateurs à la recherche du Grand Paititi légendaire mais dans un espace fermé par un éleveur de bétail.
A la recherche de l'or des Siriono.
Dans la jungle bolivienne
Dès quelques mètres, j'ai compris pourquoi ils regrettaient que nous n'ayons pas de bottes. Des flaques boueuses s'étendaient sur plusieurs mètres et à peine entrés, nos pieds baignaient dans la boue. Heureusement qu'il faisait suffisamment chaud pour que ça sèche rapidement. Nous avons marché une petite demi-heure jusqu'à une clairière. Des centaines d'abeilles s'échappaient de deux arbres effondrés, coupés la veille. Les abeilles sauvages de Bolivie ne ressemble pas tellement à des abeilles, mais plutôt à des grosses mouches. Elles sont plus rondes, noires et avec de petites ailes rigolotes. Nous en avons vu de deux sortes, oro et ovovosi. Les premières sont carrement gentilles, à marcher autour de leur ruche sans rien faire, comme si elles étaient droguées. Les secondes sont un peu plus pénibles car elles s'accrochent aux cheveux, bourdonnent fort mais piquent sans faire trop mal. Les Siriono s'en fichent et ils se mettent au boulot.
Moi aussi, je me mets au travail et je filme plusieurs minutes au milieu des abeilles
Peur de rien, il y a du miel à attraper !
La manière de récolter le miel est la suivante. D'abord, repérer un guayabochi, un type d'arbre spécifique, au tronc orangé. C'est particulièrement dans cet arbre que s'installent les ruches. Ensuite, inspecter le tronc à la recherche de trous d'où sortent des abeilles. Si c'est en hauteur, tomber l'arbre. Ensuite, à coup de hache, ils ouvrent le tronc autour de l'entrée de la ruche et en retirent tout ce qui s'y trouve. Les alvéoles remplies de larves servent de gâteaux pour manger le miel qui ruisselle de la ruche. Certaines parties mêlées de cires sont écrasées pour en retirer le miel, qui rempli un flacon de plastique. L'opération est assez destructrice mais les Siriono pensent que l'essaim survie et se reconstruit plus loin.
Le tronc éventré
La colonie d'abeille traumatisée.
La récolte de miel traditionnelle est donc très destructrice. L'essaim est privé de ses réserves alimentaires, l'arbre est abattu. C'est donc violent pour les abeilles mais aussi pour la forêt puisque le guayabochi jeté au sol à coup de haches devait avoir plus de cinquante ans. L'année prochaine il faudra aller explorer plus loin la forêt pour trouver d'autres abeilles à exploser à coup de hache. L'opération fut un succès cette fois là mais parfois les arbres sont abattus pour rien. Les ruches fabriquées à partir de bois coupé permettent de leur côté la récolte d'une quantité largement supérieur de miel sans destruction de l'habitat des abeilles ni déforestation. Mais c'est moins brave.
Un arbre de plus de trente mètres de haut...

...ou de long.
Après cette belle récolte, nous mangeons le pain que j'ai apporté. Ils protestent un peu que je n'ai pas pris de viande mais moi ça me va très bien, du pain et du miel. Mathieu et moi sommes un peu brassés à cause de l'alimentation carnassière d'Ibiato et cela nous fait le plus grand bien. Nous partons l'après midi à la recherche d'autres arbres et des merveilles de la forêt. Plusieurs magnifiques papillons volent autour de nous mais impossible de les photographier correctement. Nous découvrons plutôt les fruits de la forêt, avec quelques jolies surprises.
Un petit fruit au goût sympathique.C'est peut-être un bacupari (d'après mes recherches).
Un autre fruit qui ne se mange pas. Avec l'aide de Wikipédia je peux vous dire que c'est un brasiliopuntia.
J'apprends quelques noms en siriono, assez peu au final. Ils ne sont pas très coopératifs bien qu'ils discutent la plupart du temps en siriono. Je note dans mon carnet quelques mots que j'espère pouvoir mettre en forme plus tard, en retravaillant la vidéo avec un Siriono qui me la commentera dans sa langue. Au milieu de la forêt nous croisons un groupe de femmes du village qui partent récolter du miel elles aussi. L'une d'elle a attrapé un tatou qui constituera leur repas du soir. Elles n'ont pas encore de miel en revanche. Nous marchons encore un peu puis nos guides décident de partir, je ne sais pas trop pourquoi. Nous retournons donc à la route et j'appelle un taxi pour qu'il vienne nous chercher.
Quelques champignons étranges, qui ne se mangent pas.
Une spirale végétale.
 Nous rentrons au village plutôt vannés. L'expédition dans la forêt fut éprouvante mais instructive. J'étais content de n'être pas le seul étranger dans leur groupe, et le fait que Mathieu se soit à moité foulé la cheville la veille en jouant avec les enfants du village m'interdisait de me plaindre. Ce n'était pas si horrible de toute manière. J'ai découvert un nouvel aspect de la vie des Siriono, de leur façon de faire "traditionnelle" en coupant les arbres à la hache, objet qu'ils n'ont que depuis quelques générations. Mais la récolte en elle-même est bien traditionnelle. Et le miel a un goût absolument fantastique ! J'en ai ramené les dernières fois et j'en ramènerai encore, si vous voulez goûter ! Sinon, je vous donne rendez-vous au prochain message !
Retour au village. Vue panoramique déformée par la Go Pro de Mathieu.
Coucher de soleil dans un bocal.

mardi 21 mai 2013

Transmissions

 J'ai retrouvé les Siriono depuis une semaine et je vais donc vous tenir au courant de ce que j'ai fais pendant ce temps là. Je suis arrivé à Trinidad lundi dernier, après une courte nuit en bus. Le pays est en grève depuis bientôt quinze jours, avec des blocages sévères à l'entrée des villes qui bloquent complètement l'économie. La raison de cette grève ? Les gens veulent une retraite plus digne, qui atteigne 70 ou 100% du dernier salaire perçu. Pendant ce temps, Evo Morales, le président actuel, plutôt de gauche, se dit qu'il pourrait peut-être démissionner maintenant pour organiser de nouvelles élections et pouvoir se présenter une troisième fois, trichant avec les règles républicaines empêchant de se représenter après deux mandats complets. C'est assez moche, mais jusque là, j'ai plutôt bien réussi à louvoyer avec ça. Mon objectif étant de ne pas donner mon opinion politique, pour ne pas braquer de gens contre moi.
La place centrale de Pompeya, dont l'aménagement n'était pas terminé en décembre.
J'ai dû rester à Trinidad jusqu'à vendredi, en partie à cause des blocages et parce que j'étais contraint de suivre les horaires de mes hôtes. J'ai donc dépensé plein d'argent, à la demande de la famille qui m'héberge et pour aménager ma chambre. Mes hôtes s'appellent Fernando et Gladys, ils ont une maison à Ibiato où je suis chaque année et en plus, ils louent une maison à Trinidad depuis peu. J'ai donc deux chambres, et j'ai commencé par aménager la première. J'ai acheté un hamac pour moi, un pour eux puis du bois pour faire des étagères, une pour moi, une pour eux. J'ai aussi acheté un modem-usb qui se connecte sur les ondes des téléphones portables, en 4G...ou 2G selon la qualité du réseau. En tout cas ça fonctionne plutôt pas mal puisque je peux me connecter depuis le village !
Mes hôtes, après un pique macho (plat traditionnel) dans la Casa de tio Tom
Nous sommes donc allé à Ibiato vendredi, en fin d'après midi le temps que le taxi soit complet (comme d'habitude). La maison était toute sale, paraissant abandonnée depuis des années alors que cela fait à peine quatre mois qu'ils n'y sont pas revenus. Le temps que Ubert, le plus jeune fils, aille couper des herbes pour faire un balai et la maison a été nettoyé en un rien de temps. J'ai retrouvé ma chambre, presque à l'identique de l'année dernière. J'ai retrouvé mon duvet et j'ai pu passer une meilleure nuit que la précédente. Le froid est arrivé en fin de semaine, avec un vent glacial qui vient du sud et apporte souvent la pluie, mais pas tellement cette fois. Il fait juste froid, surtout le matin, ça se découvre dans l'après midi. C'est plutôt agréable en fait, la chaleur est moins pesante et on est moins cuit par le soleil.
Fin de saison des pluies, l'arrière de la maison est inondé et recouvert de toutes petites feuilles.
J'arrive à Ibiato juste à temps pour la célébration de l'anniversaire de l'église du village. Le samedi matin débarquent donc une congrégation de pasteurs venant de La Paz, un missionnaire de Riberalta et le pasteur Oscar de Trinidad, qui m'avait offert une bible en siriono l'année dernière. Fernando me propose d'aller les saluer, ce que je vais faire, d'autant que c'est dans la maison du vice-président du territoire et qu'il est bon que je sois en bon terme avec lui. Nous discutons un peu puis je réussis à m'esquiver et à partir. Je fais mine d'être épuisé tout le reste de la journée afin d'éviter les messes, lectures et chants. Le soir, Fernando me dit que le lendemain, je ne pourrai pas éviter d'y aller.
La présentation des enfants, derrière le pupitre en bleu, le pasteur attitré du village, qui vit à Trinidad.
 Je prends sur moi en me levant le dimanche matin, mais par chance – ou intervention divine – le pasteur Oscar passe me voir en me demandant de faire un powerpoint avec quatre cents photos pour les diffuser pendant le repas. J'accepte et le fait tranquillement, terminant autour de midi. Entre temps, je propose à la fille du pasteur de filmer avec ma caméra, car je sais qu'elle a une formation en cinéma et a déjà réalisé un documentaire sur les Yuqui. J'arrive pendant un sermon du missionnaire allemand de la mission suisse de Riberalta. Un curieux bonhomme qui est là avec femme et enfants pour prêcher la bonne parole et former de nouveaux pasteurs évangéliques. Je discute avec lui dans l'après midi et il s'avère sympathique. Le pasteur de La Paz est un peu plus étrange. Une voix mielleuse et toujours enivrée par les récits bibliques absolument fantastiques (notamment Mathusalem qui serait mort le jour du Déluge, selon son calendrier divin). Il me demandera à un moment si je ne trouve pas magnifique que la foi des Siriono se soit transmise ainsi de générations en générations. Je trouve magnifique que leur culture traditionnelle ai quelque peu survécu malgré l'influence de la foi évangélique.
Un petit morceau de rap chrétien pour réveiller les ouailles. J'adore la tête de la gamine à droite !
Je suis béni par le pasteur, qui salue mon travail dans le village et remercie Dieu de m'avoir envoyé là. Je suis applaudis par la foule et gagne un bonus social, ou aux dés, je verrais ça sur le long terme. Ensuite, repas de midi pour tous, qui poussent les bancs contre les murs et mangent dans des bacs en plastique tandis que les pasteurs, le chef du village et les deux anciens mangent à une table, des plats plus variés et en plus grande quantité. Je suis convié à aller manger avec eux. Je ne comprends d'abord pas puis me retrouve très gêné au milieu de l'église, à la table des gourous. Le powerpoint que j'ai fais le matin ne fonctionne pas avec le lecteur intégré de la télé à écran plat que les pasteurs ont amené avec eux.
Une photo d'archive des Siriono et de l'église du village.
 Le repas finissant, ils ont décidé de diffuser la vidéo que je leur ai ramené cette année. J'ai récupéré par un anthropologue parisien une vidéo réalisée en 1994 par deux suédois. Un documentaire sur les Siriono vraiment bien réalisé, montrant les différents aspects de la vie des Siriono : pêche collective, chasse à l'arc, cérémonie pour les morts dans la forêt, voyage à la ville de Trinidad, cérémonies à l'église avec le pasteur qui fonda le village, banquet final avec une boisson traditionnelle à base de fruits macérés avec du miel. Le film a presque vingt ans, les spectateurs reconnaissent les visages et nombreux sont ceux qui se souviennent du tournage.
A droite, un couple que j'ai filmé plusieurs fois ; à gauche, le film ; au centre, du miel !
 L'église est remplie de gens regardant avec émotion leur passé. Il y a des rires et des larmes. Une vieille dame qui font en larme en voyant son père à l'écran, une jeune fille qui reconnaît ses parents. L'actuel chef du territoire alors enfant tenant des crocodiles à la main provoque des effusions de sentiments. Durant une heure, une partie du village s'est tourné vers ce qu'il était, sa culture et ses traditions, pour la plupart perdues. Difficile pour moi de ne pas avoir les larmes aux yeux en pensant à mon propre travail de collecte d'histoires. Ce que je fais est proche dans l'esprit du très bon documentaire que je leur montre et je sais que dans vingt ans, les gens avec qui je travaille ne seront plus de ce monde.

A droite, l'actuel chef du village. Devant lui, mon hôte.
Le film se termine par une scène de liesse puis par une rangée des plus anciens, face à la caméra, qui demandent au réalisateur de montrer cette vidéo à leurs enfants, car eux savent qu'ils mourront bientôt et qu'ils seront peut-être les derniers à avoir les connaissances qu'ils ont. Comme repris dans le titre du film, lleven nuestro canto, ils demandent à ce que vive leur chant, leur histoire, l'esprit des Siriono.
L'homme le plus à droite est mon consultant-informateur-collaborateur-associé principal.

jeudi 16 mai 2013

Le cimetière de Santa Cruz

Alors qu'il pleut depuis ce matin, empêchant toute activité, je vous propose un nouvel article, à propos du cimetière de Santa Cruz. Il était sur le chemin pour le terminal bimodal où j’ai acheté mon ticket de bus pour aller à Trinidad où je suis bloqué à cause du mouvement social en cours. En face de l'entrée du cimetière, qui n'a rien d'extraordinaire, j'ai pu découvrir un des seuls arrêts de bus de la ville !

En bas, sur les lignes vertes et blanches, les numéros des bus qui s'arrêtent là.
Le cimetière est beaucoup plus grand que celui de Trinidad, dont j'avais parlé en 2011. Il est hors-sol, sans tombes enterrées. Il y a, comme j'ai aussi pu voir en Espagne, des murs de casiers et des petits mausolées aux formes variées. Moins variées qu'à Trinidad et souvent dans des recoins exigus empêchant les photos, les édifices sont souvent fermés, avec un banc à l'intérieur ou en face, et plusieurs espaces intérieurs avec des noms et des portraits des défunts. Plusieurs espaces sont réservés à des corporations professionnelles plutôt qu'à des familles, notamment dans les transports. Le tout est organisé autour de larges allées fleuries, plutôt mieux entretenues qu'à Trinidad.

A droite, un mur pour les morts de la guerre du Chaco.
J’ai un peu retrouvé les sensations que j’avais eu à Trinidad, sauf que j’étais seul cette fois, et moins dans une dynamique de dérive situationniste. L'ambiance était moins à l'errance à cause d'une organisation plus carrée de l'espace, avec des découpages moins chaotiques et des perspectives toujours fermées par des murs ou des casiers funèbres. J’ai quand même retrouvé des coins où la nature s’infiltrait entre les pierres, montrant que la mort n’empêche pas la vie.
Un coin un peu plus tranquille.
Après avoir marché un peu, je m’aperçois que je suis suivi par un homme d’une trentaine d’année. Il me suit ostensiblement, en marchant dans les allées parallèles aux miennes. J'aurais pu le semer facilement, car mon rythme de marche est habituellement rapide, mais j’ai envie de profiter du calme du lieu, assez désert. Je le laisse donc me rattraper et m’aborder.
C'est bien le mausolée de la police, pas le commissariat.
Il ne s’étonne pas trop de me voir par ici, puisqu’il y a de nombreux étrangers dans la ville. Il sous-entend d’ailleurs que la ville était plus tranquille avant que l’immigration de gens de l’Altiplano ne devienne importante. C’est surtout que la ville a subi une croissance extrêmement rapide ces dernières années, engendrant de nombreux problèmes, tant de logement que de travail, évidemment. C’est peut-être aussi le cas dans ce cimetière, il n’y a que très peu d’espaces vides. Bien qu'il démente, je pense qu'il y a d'autres cimetières dans la ville, pour les gens moins aisés, ou qui ne sont pas baptisés. Car c'est un cimetière catholique, d'après ce qu'il me dit.
Une contre-allée fleurie, avec de l'ombre.
L’homme trouve mon profil sportif, puisque je ne suis pas bedonnant de bière et de viande, contrairement à la plupart des gens par ici. Il n’hésite pas à soulever mon t-shirt pour voir mon ventre, à soulever les manches pour voir mes muscles d’athlètes. Au bout d’un moment il me fait remarquer que je suis quand même très poilu. Que lui l’est beaucoup moins. Il me dit benoitement que j’dois être très poilu sous mon short. Je tente de changer de sujet mais il insiste. Il tend la main pour voir, je le repousse en lui disant que ça ne se fait pas dans ma culture.
Le voilà à droite sur la photo.
Difficile de ne pas l’envoyer paître, mais il l’a bien pris, puisque dans sa culture, ça se fait beaucoup plus facilement de parler du physique et de comparer nos corps avec nos copains. Je ne sais pas si c’est culturel, je crois plutôt que c'est de la simple curiosité. En tout cas il n’a pas voulu me lâcher avant que nous n’arrivions au terminal bimodal, après une bavarde traversée du cimetière.

Il m’a appris une ou deux choses intéressantes mais son insistance à connaître ma pilosité était assez dérangeante. Il n'était pas si désagréable et il ne m'a pas demandé d'argent, mais sa présence à quelque peu gâchée la visite du cimetière et la tranquillité que j'espérais y trouver. J'ai bien pu prendre quelques photos mais j'ai l'impression d'avoir raté quelque chose. Je ne pense pas y retourner pour autant, je visiterai plutôt le cimetière d'une autre ville. En attendant, je vais vous laisser et répondre à l'appel de mon hamac !
Mon hamac brésilien (ou chinois peut-être), avec la moustiquaire que m'a prêté la famille, je pense en acheter une autre plus adaptée.


mercredi 15 mai 2013

Santa Cruz : le Ciné Center

Comme d’habitude, je ne suis plus dans le lieu dont je parle dans ce message, car je suis maintenant à Trinidad, Béni. Mais je reviens en arrière pour vous proposer deux articles sur deux lieux intéressants de Santa Cruz, la ville où on peut trouver de jolis immeubles colorés.
En face du terminal bimodal d'où partent bus et trains.
J’étais donc à Santa Cruz samedi soir, et je me suis dit que j’allais tenter de retrouver la place où j’avais vu un bowling et plein de jeunes. Depuis la place centrale je suis parti à gauche et j’ai marché. Tout droit. Jusqu’à dépasser le premier boulevard circulaire périphérique. Et j’ai retrouvé la place ! Il y avait bien des jeunes partout mais les restaurants autour étaient uniquement des fast-foods, avec même un Burger King avec un service à l’emport, de Drive, comme on dit en bon français. Et ce n’était pas ce que j’avais envie de manger. J’ai donc continué à marcher jusqu’à arriver à un complexe de loisir moderne, au bord du second périphérique.
Les chaises sont subventionnées par un opérateur téléphonique. On peut s'assoir sur Viva.
Et là, surprise. Ça ressemble vraiment à un Mall, et j’parle pas de taupe mais de centre commercial à l’américaine ! Je ne m’attendais pas à trouver exactement les mêmes enseignes qu’ailleurs, le même genre de présentation et des stands de cuisine du monde comme on peut en trouver presque partout. Pizzas, mexicains, sandwich grec, yaourt glacé, sushi sur un tapis roulant en forme de train. Que du classique en somme, mais légèrement différent. J’ai essayé le sandwich grec et c’était un mélange de bout de poulet et de bout de bœuf avec de la salade et des oignons dans une galette de maïs. Pas mal.
Hallucinant, non ?
J’ai aussi essayé le yaourt glacé, qui est devenu incroyablement populaire cette année. Faut dire que c’est forcément délicieux de mélanger de la glace au yaourt avec des morceaux de fruits exotiques qui n’ont même pas de noms en français. Mais trêve de rêves culinaires, et continuons à visiter ce curieux lieu et découvrons qu’il y a au milieu de tout ça un cinéma multiplexe !
Une photo qui ne rend vraiment rien, mais ce sont des écrans avec des bandes annonces en vidéo.
A l’affiche…et bien, exactement les mêmes blockbusters américains qu’ailleurs. Rien d’intéressant donc. Sinon de voir que les films sont plutôt doublés que sous-titrés, qu’il n’y a aucun film bolivien ni d’autres pays sud-américains et que le public est au rendez-vous. Il y a du monde, plutôt des jeunes mais aussi quelques familles, plutôt aisées même si la nourriture n’est pas tellement plus chère qu’ailleurs. Plus tard, je suis passé devant l’ambassade d’Espagnol qui propose des projections de films une fois par semaine, et je suppose qu’il y a d’autres lieux où voir autre chose que ce qui était proposé là.
Là vous pouvez deviner le titre du film tout en haut. En dessous à droite il y a le Cirque du Soleil, en français dans le texte.
Je n’ai pas vu de films mais j’ai continué à visiter le centre, ce que je regretterais un petit peu le lendemain, en apprenant qu’avait lieu ce samedi soir un joli concert de death metal à Santa Cruz. Des groupes venus des Etats-Unis, complétés par des formations locales, car il y a aussi du metal en Bolivie ! Incroyable, non ? Je m’en suis aperçu de nouveau une fois à Trinidad. Depuis ma chambre j’ai entendu la télé de la maison, la chaine nationale je crois, où passait une émission culturelle dans laquelle passait un groupe de metal à costume et chanteur d’opéra rigolo. Plutôt bon en plus, et j’étais content de pouvoir expliquer à mes hôtes le type de musique qui me plait. Mais revenons au Super Centre et à sa dernière surprise !
Oui, c'est un jeu de danse et derrière House of the Dead III.
Une salle d’arcade ! Une immense salle d’arcade aux couloirs exigus et remplis de monde, d’où il fut difficile de tirer une photo. Un lieu fourmillant d’explosions, de bruits, d’armes à feu et de fausses motos. Un lieu vraiment génial ou je ne comprenais pas grand-chose sinon l’enthousiasme des jeunes jouant à des jeux vidéos ! Et c’est sur cette photo d’une qualité douteuse que je vous donne rendez-vous au prochain message qui vous proposera une visite du cimetière de Santa Cruz !

samedi 11 mai 2013

Vues d'avion

 Le trajet en avion fut l'occasion de quelques photos que je vous propose aujourd'hui, après une nuit de repos et une journée de travail, de siestes et de yaourt glacé avec des morceaux de guapuru et d'achachairu mixés dedans. Le voyage s'est passé sans incident grave, avec vingt minutes de retard pour le premier avion pour que j'ai moins longtemps à attendre à Madrid pour la correspondance. Puis un vol avec LAN Airlines, une compagnie qui est quand même un bon cran au dessus d'Iberia. Ils proposent de la vache qui rit comme fromage, c'est dire. Mais l'intérêt n'était pas là. Non. J'ai volé jusqu'à Lima avant de retraverser les Andes pour rejoindre La Paz puis Santa Cruz de la Sierra. Deux passages au dessus des montagnes donc !
Le paysage abîmé qui transperce les nuages.
 Le premier passage était de nuit, et je n'étais pas à côté du hublot car le personnel de bord m'a changé de place mais ensuite, j'ai pu voir de magnifiques paysages. J'ai appris au passage que l'équipage de bord d'un avion s'appelle en espagnol tripulación, ce que j'ai trouvé assez rigolo.
Des petits lacs de montagne et des petits nuages qui forment des ombres se confondant avec les petits lacs.
 J'ai eus un peu plus de temps d'attente à Lima, mais j'ai pu trouver un coin ou recharger ma tablette et j'ai regardé une demi-douzaine d'épisodes de Deadwood, rendant le voyage bien moins long. C'est une chouette série d'ailleurs. Je regrette de n'avoir pris avec moi qu'une seule saison.
Un grand lac d'altitude : le lac Titicaca !
 Au total, je suis parti de mon appartement vers 16h le jeudi pour arriver à l'hôtel à 16h le lendemain, avec six heures de décalage horaire dans la figure. Un voyage d'une trentaine d'heures donc. Mais heureusement, j'ai vu avant mon départ tout plein de gens que j'aime et qui ont rendu le départ moins difficile. Merci à eux tous. J'ai hâte de vous revoir, après mes aventures, mais j'ai aussi hâte de revoir tout les gens géniaux que je n'ai pu revoir depuis bien trop longtemps !

La neige saupoudrée sur les cimes poussiéreuses ressemble à du glaçage sur du gigot.
 Ces montagnes me rappellent mes lectures récentes, dont La montagne, d'Elisée Reclus, qui décrit la nature d'une manière si magnifique que je ne chercherai même pas à l'imiter. Et de toute façon, les montagnes s'éloignent bien vite pour laisser place à la forêt, perdue dans les nuages, puis à la plaine immense, qui s'étend à perte de vue, sans une colline. C'est là que je vais.
Les basses-terres de Bolivie ont dû voler tout le vert disponible dans la région pour s'en habiller.
 Je n'ai pas tout à fait respecté l'ordre des photos pour terminer par les vues des villes que j'ai survolé de jour : Lima et La Paz. Je n'ai pas pris de nouvelles photos de Santa Cruz de la Sierra car j'en ai déjà proposé et que je ne l'ai pas vraiment survolée. Voici donc deux immenses villes sud-américaines, avec l'Océan Pacifique pour Lima !
Lima, Pérou
Et des rangées de briques et de taule pour La Paz, qui ne fait pas très envie sous cet angle mais que j'irai visiter un de ces jours !
Atterrissage de l'avion à La Paz, Bolivie.
Deux heures après mon arrivée, j'ai rechargé mon téléphone portable bolivien et dans l'heure j'ai reçu un appel de mon hôte qui s'impatiente de ma venue. Il me conseillait de venir en avion à Trinidad, à cause des piquets de grève qui ont lieu partout dans le pays. Mais on est le weekend, alors je peux tenter de partir en bus demain soir, si tout se passe bien, j'arriverai lundi matin à Trinidad ! Mais je vous proposerais peut-être quelques photos de Santa Cruz d'ici là !

lundi 6 mai 2013

Journal de voyage - le retour

Et oui, c'est reparti ! Le blog tellement charismatique qu'il pourrait être banni de la blogosphère est enfin de retour pour vos yeux mouillés d'émotion ! 

Je retourne en Bolivie jeudi 9 mai et je m'y prépare activement ! J'ai imprimé aujourd'hui une quinzaine de mini-dictionnaires à offrir aux Siriono pour montrer que j'ai avancé depuis la dernière fois. Mais j'y pense, vous découvrez peut-être ce blog aujourd'hui et il serait inconvenant de reprendre l'aventure sans vous proposer un résumé des épisodes précédents ! 

Un chemin encore inconnu.
Voici donc un bref résumé de tout ce que vous pourrez trouver ici ! J'ai fais deux voyages en Bolivie. Le premier du 27 juin au 7 septembre 2011, le second du 3 novembre au 20 décembre 2012. Je retrace l'historique de ce blog en privilégiant une approche un peu thématique, pour que ce soit plus intéressant à parcourir.

Je n'attends pas que vous lisiez tout, choisissez les sujets qui vous intéressent. Certains messages sont un peu plus important que d'autres mais je ne vous en voudrais pas si vous faite l'impasse ou l'autruche, ou un autre animal à votre convenance.

Un toucan par exemple

J'ai inévitablement écris quelques messages sur les préparatifs au premier voyage, l'excitation avant le départ, le matériel dont je dispose depuis le second voyage et l'argent utilisé en Bolivie.

Les voyages en avion ont été raconté en détail ! La première fois étape par étape avec Lyon - Madrid, Madrid - Buenos Aires et Buenos Aires - Santa Cruz de la Sierra. La seconde fois, j'ai fais plus court en écrivant un seul message sur mon itinéraire, pourtant plus stressant que la première fois !

Souvenir de Puerto Ballivian et des reflets dans le fleuve d'or

J'ai d'abord visité la ville de Santa Cruz de la Sierra en commençant par quelques impressions vagues le premier soir. Ensuite j'ai fais plein de balades en découvrant la place centrale, la banlieue ouest, la banlieue est, la cuisine locale, les fleurs citadines et milles autres petits détails renouvelés l'année suivante lors d'une nouvelle visite de la ville. J'ai aussi fait des sorties thématiques en allant visiter le campus de l'Université et le zoo de la ville !

Mais le plus fort à Santa Cruz ce sont les cabines téléphoniques en forme d'animaux !

Un immeuble avec une jolie perspective et du poil sur la tête.
Ensuite je me suis rapproché de mon but voyageant vers Trinidad en bus puis en avion. Comme c'est la ville dans laquelle je reviens à chaque fois que je quitte mon lieu final de travail, j'en ai parlé à de nombreuses reprises. En la présentant d'abord puis en montrant quelques bâtiments et les colonnes de Pompeya. A ma seconde venue, j'ai fais un point sur les quelques changements pendant l'année écoulée.

J'ai surtout vu pas mal de choses rigolotes dans cette ville et autour !  J'ai d'abord fais une sortie à la Laguna Suarez sous la pluie , puis je suis allé visiter le cimetière de Trinidad avec une belle inconnue et j'ai vu le coucher de soleil depuis le Puerto Ballivian. L'année suivante j'ai pu voir la procession traditionnelle pleine de couleurs suivi du défilé politique avec même une apparition du président. A cette occasion, je parle donc politique et complète un premier message sur la situation politique en Bolivie. Je suis aussi allé voir un musée remplis de poissons !

Souvenir des danseuses de la fête traditionnelle
Et après le voyage, le travail, avec l'entrée à Ibiato ou je reste le temps d'un récit d'une semaine avant de pouvoir retourner en ville. Je retourne au village et le parcours de long en large, visitant aussi ses abords faits de lianes et de mystères.

J'écris ensuite une série de trois articles de réflexions et de considérations sur les Sirionos et leur mode de vie. C'est long mais si ça vous intéresse, je vous conseille de vous y plonger dans l'ordre : joie de vivre, consommations, reculturation.
La maison où j'ai habité sera-t-elle encore là ?
J'ai présenté aussi mon quotidien au village et mes déboires pour rencontrer les gens de Ngirai, un second village ou je pourrais finalement passer une semaine dans la fumée avant de quitter la Bolivie avec un goût étrange dans la bouche.

Heureusement, j'y retournai l'année suivante et je pus raconter les changements et la vie en 2012 à Ibiato. Une vie faite de petites joies et d'excursions rigolotes mais aussi de déconvenues et de situations-dont-on-rigole-longtemps-après. Mais ce fut de courte durée et je dû quitter la Bolivie sous les lumières de Noël.
J'étais sûr de vous avoir présenté cet étrange animal rencontré un jour d'exploration, mais non, alors le voici !

Le troisième voyage va bientôt débuter et cette fois le trajet en avion passera par Madrid puis Lima avant d'arriver le 10 mai à Santa Cruz de la Sierra, dont j'espère découvrir encore d’insoupçonnables facettes ! Soyez les bienvenus si vous voulez bien m'accompagner dans ce nouveau périple !