J'espère que vous avez des mains pour vous accrocher, car ce message s'annonce très long ! Je pars sur un petit résumé de mon boulot en Bolivie puis vous détaille la semaine passée et les diverses évolutions dans la perception qu'ont les gens de ce que je fais. Pour illustrer tout ça je vous propose des images tirées d'un petit film que j'ai fais en voyageant sur le toit d'un camion entre les deux villages siriono, Ngirai - Pata de Águila, dont j'avais parlé il y a deux ans et Ibiato, dont j'ai déjà parlé à plusieurs reprises.
Ngirai, avec l'école au fond, et à droite, une maison en brique en construction. |
Je suis en Bolivie depuis
bientôt quatre mois avec deux missions complémentaires :
étudier la langue siriono pour écrire une grammaire ;
documenter la culture siriono en filmant des histoires racontées
dans la langue. Le premier aspect est pour l'université, pour écrire
ma thèse de doctorat, pour laquelle j'ai une allocation doctorale
mensuelle. Le second pan est une obligation que j'ai contracté vis à
vis de la fondation qui finance mes expéditions en Bolivie. Ils me
donnent de l'argent pour le matériel vidéo que j'utilise, les
billets d'avions, mon pain quotidien et l'argent que je donne à mes
collaborateurs. En théorie, je n'ai pas à toucher à ma paye
quand je suis en Bolivie. Mais dans les faits, c'est beaucoup plus
compliqué. Je dois m'intégrer dans une communauté, faire accepter
ma présence et mon projet.
La piste qui part,... |
Je dois donc gérer au
quotidien les sollicitations financières et les négociations sur ce
que je peux apporter à la communauté. Je viens pour eux, pour aider
leur communauté à ne pas perdre leur culture. Mais quelle valeur peut-on donner à la culture quand les gens vivent dans la misère ?
N'y a-t-il pas en même temps à leur apporter de l'aide
humanitaire ? C'est une question complexe, sur laquelle j'essaye
d'avancer en suivant mon éthique personnelle. Je suis partis de
quelques principes de base, notamment que ma présence ne change pas de
manière notable la vie de certains au détriment d'autres. Je paye
ceux qui m'aident, mais je ne leur donne pas des milles et des cents.
Je paye environ 1,10 euros pour une heure d’enregistrement de vidéo
et 2,20 euros pour une heure d'étude de la langue, qui demande
beaucoup plus de concentration et de motivation.
...qui file à travers la jungle. |
Par chance, j'ai trouvé
une personne excellente pour m'aider à faire l'étude des vidéos et
c'est surtout ça que j'ai fais jusque là. Hugo est
un homme génial. Il doit avoir autour de cinquante ans je crois.
Lorsqu'il était jeune, sa famille l'a confié à un éleveur pour
qu'il paye son éducation en échange de travail à la ferme. Il a
été envoyé ensuite dans un institut où il a suivis des cours pour
devenir enseignant ou avocat. Il n'a pas terminé la partie pour
l'enseignement à cause d'un mouvement politique (marche indigène,
j'en ai déjà parlé) qui l'a vu être nommé président des
Siriono. Il s'est retrouvé chef de tout son groupe alors qu'il était
encore jeune. Puis il s'est marié, a eu cinq enfants, dont un qui est
mort car sa mère lui a donné un aliment prohibé par un tabou traditionnel. Il a
été élu représentant des Siriono au niveau départemental puis
vice-président de la coordination départementale, remplaçant même
le président pendant un mois où il était hospitalisé. A la même
époque, il jouait dans l'équipe de foot du village, qui gagnait
tous les matchs de la région en jouant pieds nus. Il a siégé
quelques temps dans un tribunal également, et si il va chercher
quelques papiers à divers endroits, il pourrait être avocat. Il est
finalement revenu au village, tandis que sa femme le quittait pour un
autre. Il a été choisis comme représentant légal du village,
responsable de tout un tas de choses, même si il préfère
aujourd'hui s'éloigner un peu de ses responsabilités qui l'oblige
en tant que chef à prendre soin de tous, dépensant jusqu'au dernier
denier pour les autres et vivant finalement dans une cabane assez misérable.
Le soir tombe, et c'est un autre endroit de la piste, malgré que ça paraisse identique. |
Petit à petit, au fur et
à mesure de nos collaborations, il s'est rendu compte qu'il
connaissait bien sa langue mais qu'elle était également
intéressante comme objet en soit, comme valeur culturelle mais aussi
comme objet culturel. Il ne m'a jamais aidé pour l'argent,
contrairement à beaucoup d'autres, mais d'abord parce qu'il avait la
responsabilité de vérifier que mon travail soit correct, qu'il soit
bien fait. Il a ensuite continué parce que ça l'intéressait. Ce que
raconte les autres dans les vidéos que je fais, il le sait, mais il
est content de le travailler dans le détail, pour le garder sous la
langue ensuite et le retravailler pour le raconter à son tour. Il
veut devenir professeur de langue à l'école maintenant. Il a
l'impression de se former en même temps qu'il me forme, que l'on est
dans un exercice gagnant-gagnant. Et c'est vraiment très agréable.
Du coup, j'ai beaucoup bossé avec lui, comptant d'abord les heures
sérieusement puis arrondissant allègrement, lui filant des bonus et
des cadeaux quand je peux. Pour son anniversaire, je lui ai acheté
de jolis bottines en cuir à vingt euros, il en est tout fier. C'est
un type avec qui j'adore discuter et qui me manquera certainement à
mon départ.
La piste traverse un temps la plaine. |
Bon, du coup, j'ai passé
la majeure partie de mon temps de travail avec lui, me concentrant
sur le premier objectif, l'étude de la langue. J'avais enregistré
en novembre-décembre environ six heures de vidéos et nous en avons
étudié quatre heures et demi. J'ai réalisé début septembre que
c'est excellent, j'ai de la matière pour mon temps en France et j'ai
bien avancé sur les objectifs que je me suis fixé pour ma bourse de
terrain. Pour la fondation, je dois rendre vingt heures de vidéos,
dont au moins cinq heures transcrites, c'est à dire avec ce qui est
dit noté dans la langue et traduit. J'ai donc bien avancé !
Une plaine inondée pendant la moitié de l'année, où restent quelques trous d'eau. |
Mais par contre, je n'ai pas
avancé pour l'enregistrement de vidéos. Et début septembre j'ai
décidé de remédier à ce problème en me focalisant sur ce point,
que j'avais volontairement laissé de côté. Et j'ai bien fait.
D'une part car je comprends maintenant mieux la langue, pouvant
comprendre une partie des histoires que je filme, discuter du sujet
avant qu'ils ne commencent, répondre à quelques questions. Et d'autres
part parce que je suis maintenant bien mieux intégré dans le
village. Dès mes premiers pas, il y a plus de deux ans, on m'a
envoyé voir l'ancien du village, Don Bixente. Et dès le départ, il
a été réticent vis-à-vis de ce que je lui proposais et même
presque hostile à mon encontre. Il avait l'impression que je venais
voler ses connaissances pour les revendre à l'étranger et gagner de
l'argent. Il était prêt à me vendre quelques histoires, mais en
espagnol, pas dans sa langue, puisqu'il pensait que personne n'était
intéressé par la langue, que plus personne ne voulait la parler.
J'ai tenté de discuter avec lui plusieurs fois, mais j'avais du mal
à tenir la conversation, parce qu'il est très ancien, parle avec
difficulté et ne comprend pas toujours ce que je dis. Et aussi parce
qu'il est très difficile de défendre son intégrité quand on fait
quelque chose qui paraît désintéressé, quelque chose dont on ne
retire pas en premier lieu un bénéfice financier.
Plusieurs types de végétation différents, mais je ne sais pas si ça se voit bien. |
Finalement, il a accepté
que je vienne le voir avec ma caméra grâce au travail de fond qu'a
fait Hugo avec lui. Il va le voir tous les jours depuis des
années, et ces derniers mois il lui a raconté ce que nous étions
en train de faire, les avancées mais aussi les erreurs dans les
enregistrements des autres, les imprécisions qu'il aurait voulu voir
corrigé, les sujets dont il est persuadé que l'ancien est le
meilleur pour ça. Et à force de discussion, il m'a donc invité à
aller le voir. J'étais très honoré, parce que c'est pour moi une
sorte de haute reconnaissance de mon intégration dans le village et
une preuve pour tous que ce que je fais à une valeur pour eux, que
je ne suis pas un exploiteur. Bon, il reste encore deux vieux
réticents, qui considèrent que je ne les paye pas assez pour que ça
les intéresse. Mais j'ai bon espoir, à mon retour l'an prochain,
ils auront entendu parler de ce que je fais par tout le monde, ils
auront peut-être même vu les copies des vidéos que je grave à
tour de bras. Peut-être alors accepteront-ils de me raconter
quelques histoires. En fait, ce n'est pas important pour mon étude
linguistique, ce n'est pas important pour l'archive que je dois faire
pour mon mécène. C'est important pour la communauté, uniquement
pour eux. Mais ça serait néanmoins un échec personnel si je
termine ce projet sans leurs visions de l'histoire, sans avoir toutes
les pièces du puzzle.
Il avait plut dans l'après midi, le camion ralentissait quand c'était trop boueux. |
Je suis donc allé chez
le vieil homme et il m'a raconté une petite dizaine d'histoires
courtes, des enregistrements succincts, précis, sans répétitions
ni digressions. Des bulles magnifiques, de courtes plongées dans sa
culture, parfaite pour montrer aux enfants qui se lasseraient de
vidéos plus longues, et parfaites pour l'étude, parce qu'une vidéo
de cinq minutes c'est environ trois heures de travail. Même si le
temps diminue et varie selon le rythme du récit, ça reste un boulot
long. Et c'est démotivant de se dire qu'on attaque une vidéo de
vingt minutes qui nous durera deux semaines. J'en ai déjà fait
trois comme ça, j'en ai encore une à terminer, et c'est moins
motivant, parce que l'on a pas de vision globale du récit. Ce fut
donc un grand moment pour moi. D'autant plus qu'il termine en me
disant que lorsqu'il reçoit une machette, il est content, que ce
soit une grande machette ou une petite, parce que la personne n'a pas
pu lui offrir une plus grande, c'est le geste qui compte. Une
comparaison bien agréable à entendre. J'ai donc compté très
largement les heures passées avec lui au moment de rédiger le reçu que je dois leur faire.
L'embranchement pour Ibiato, à gauche ou pour continuer vers Casarabe. |
J'ai décidé ensuite de
me rendre à l'autre village, où plusieurs personnes m'attendaient
pour être enregistrés, après que je les eut enregistré une
première fois il y a deux ans. Un couple dont l'homme est tout à
fait désagréable mais un très bon locuteur. Le problème est sa
référence constante à Dieu et son misérabilisme qui le fait me
courir après dix fois pour obtenir une petite pièce. C'est un petit
peu ça qui a tant retardé mon voyage à l'autre village, qui dure
une bonne demie heure en moto. Par chance, réunion d'urgence là-bas
mardi, et j'y vais donc, emportant ma caméra. Comme d'habitude, la
réunion prend du retard, commence à 16h alors qu'elle était
annoncé le matin et je ne fais donc pas d'enregistrements. Je
reviens avec un camion à bois et en profite pour grimper sur la
cabine avant et filmer le trajet à la Mad Max, ce qui illustre ce texte.
Le chemin d'Ibiato, qui était plus large il y a deux ans, lorsqu'il était tout neuf. |
Je demande alors à mon
copain taxi de passer me prendre à 7h le lendemain pour aller à mon
rendez-vous avec Mario (j'utilise même pas de pseudo, leurs prénoms
sont rigolos, non ?). Il passe me dire qu'il doit voir quelqu'un dans
le village et finalement il ne revient qu'à 9h...heure à laquelle
Mario m'avait dit qu'il irait chercher du bois si il ne me voyait pas
venir, pour ne pas perdre sa journée. Je décide donc de ne pas y
aller, d'autant plus que Hugo arrive, très motivé pour
bosser avec moi. On s'assoit, l'allume mon ordinateur, il me dit que
l'ancien voudrait enregistrer d'autres vidéos, j'éteins mon
ordinateur. Il enregistre quelques vidéos en me regardant fixement,
parlant à la caméra puis nous convenons de changer un peu le format
pour que ce soit plus vivant, en filmant l'ancien avec mon collègue
qui lui posera des questions et le relancera. Nous nous installons à
l'intérieur pour réduire le bruit causé par le vent, et ça donne
des enregistrements excellents, parmi mes meilleurs.
Il tourne pas mal, revenant vers Casarabe, contournant un marais. |
L'ancien me dit qu'il
voudrait aussi me raconter et chanter ce qui se dit lorsque les
Siriono boivent ensemble, mais que pour ça, ben, il faut boire. Nous
en discutons un moment. La veille au soir, mon hôte m'a dit que se
serait l'anniversaire de Bixente. Je me dis donc que pour cette fois,
je vais faire une entorse à ma règle de ne jamais acheter d'alcool
et accepter d'offrir une cagette (14 bouteilles de 60cl, environ 9
litres de bière tropicale, 20 euros) et de trinquer tous les trois
l'après midi. Sur le chemin pour rentrer manger je demande à mon
collègue quel âge ça va lui faire. Il me répond deux ans et je
réalise soudain que ça sera l'anniversaire du petit à qui on a
donné le même prénom que son grand père, et non du grand père !
Et cet anniversaire est reporté au lendemain, faute
d'organisation...Je fais un aller-retour à Casarabe en moto (environ
1h) pour aller chercher ça, j'en profite pour acheter des pommes,
parce que c'est bien de manger des pommes.
Voilà le projet de plantation de bananes plantains qui s'étend de part et d'autre du chemin. |
Je tente de me reposer un
peu puis nous nous retrouvons pour trinquer et partager des bonnes
histoires. L'ambiance est amicale, sympathique, posée. Je n'impose
aucun enregistrement, attendant leur demande. Hugo ne perd pas
le nord et régulièrement propose à l'ancien de raconter ça pour
la caméra, parce que ça l'intéresse vivement. La femme de l'ancien
nous rejoins un moment, ils chantent quelques chants traditionnels
puis ils sont trop saoul pour enregistrer davantage, et il commence à
faire sombre. Nous continuons jusqu'à 20h environ, pour terminer la
cagette. J'ai abandonné en cours de route, pour rester sobre mais
mon collègue finira, comme bien trop souvent, complètement bourré.
L'an dernier, l'histoire en ville, c'était avec lui, si vous vous souvenez.
Et on arrive vers le village, avec les premières maisons. |
Un bilan glorieux pour
une journée qui avait mal commencée. Mais je ne décourage pas
d'aller à l'autre village et je demande au taxi de repasser le
lendemain, bien à l'heure cette fois. Et effectivement, il me tire
du lit à 7h30. Je me lève frais comme un gardon, enfile un sweat
parce que le fond de l'air est frais et hop, en moto. Je retrouve
Mario et sa femme, ils remercient le seigneur pour ma venue et nous
enregistrons. Autre style, ils font des vidéos à tour de rôles,
parlant à chaque fois pendant longtemps. Particulièrement lui,
allant même jusqu'à me faire une vidéo de quarante minutes que je
n'étudierai pas, c'est sûr ! Leurs façons de parler sont
intéressantes néanmoins. Je n'apprends pas grand chose de nouveau
dans le fond mais ils utilisent certaines expressions que les autres
n'utilisent pas trop, donc c'est bien pour mon étude.
D'autres maisons, bâties assez espacées, comme si il s'agissait d'un lotissement. |
Le problème
est que dans l'autre village, il n'y a pas l'électricité et ma
batterie de ma caméra se décharge petit à petit. D'autant plus
qu'ils réclament de regarder leurs enregistrements à chaque fois.
Vers midi, la batterie est à plat, et c'est là qu'arrive mon hôte
d'Ibiato, venu vendre des glaces et inquiet pour moi ! Il me
sauve d'une longue discussion sur la misère et l'aide que je vais
leur apporter, même si Mario vient me siffler sur le chemin du
départ. Je lui promets de revenir le lendemain et file pour arriver
à l'anniversaire du petit Bixente où je suis de corvée de photos.
Arrivée au village, avec en bleu céleste, l'église de l'Assemblée de Dieu, une des deux églises du village. |
J'y retourne
effectivement le lendemain matin, après avoir attendu une heure le
taxi. J'y vais cette fois avec mon collègue et nous allons d'abord
voir une autre femme qui nous conte deux histoires d'un quart d'heure
chacune puis nous propose de revenir une autre fois, ayant d'autres
choses à faire de sa journée. Nous allons alors chez Mario et Mery,
sa femme, pour enregistrer des histoires de 11h à 15h environ. Je
les paye cette fois puis nous rentrons à Ibiato manger et nous
reposer.
Terrain de foot, ancienne piste d’atterrissage, prochainement réaménagée en place, un nouveau terrain de foot devant être construit ailleurs. |
Finalement, j'ai commencé
ce billet par des explications très générales pour vous détailler
ensuite quelques jours sur le terrain, comme un vrai journal intime.
Je ne sais pas si ça sera intéressant à lire pour vous, mais pour
moi, ces jours-ci sont parmi les meilleurs, les plus pêchus et les
plus enrichissants. J'espère que ça va continuer ainsi jusqu'à mon
départ du village, le 22 septembre. Je pars avec un peu d'avance
vers Santa Cruz pour être sûr de ne pas rater mon avion qui décolle
le 26, arrive en France le 27 à 19h40. Mais je ne compte pas les
jours, je profite du présent, de ma nouvelle maison et des gens que
je côtoie, à qui je change la vie, et qui changent la mienne. Mais
de ça, je parlerai une autre fois ! De même que mon expédition au rio Cocharca ce samedi, à la recherche des tortues !
Super intéressant, ton journal, continue ! On comprend mieux comment tu travailles et quelles stratégies tu dois déployer pour aboutir. On perçoit aussi à quel point c'est enrichissant sur tous les plans... et combien la métaphore de la route est parlante !
RépondreSupprimerPhilippe
ON RESTE... sur notre faim,
RépondreSupprimercar à la fin,
on veut connaitre la suite du chemin
Ça sera pt'être demain ?
Ou un autre matin....
Merci Noé.....
L'histoire de la machette, arrive d'un coup comme ça et je n'ai pas saisie le pourquoi et le comment ? Tu me diras ça un jour...
L'histoire de la machette c'est que peu importe la taille du cadeau, c'est l'intention qui compte. L'ancien me disait que si il reçoit une machette il est content, que ce soit une machette hors de prix ou une machette à bas prix parce que celui qui lui offre n'a pas beaucoup d'argent, il sera content de recevoir quelque chose.
RépondreSupprimerMerci pour les commentaires ! La suite viendra plus tard, quand je trouverai un peu de temps pour le blog, je bosse avec acharnement ces jours-ci !