Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

samedi 30 juillet 2011

Les abords du village

Je fais un article différent même si ça commence à faire beaucoup d'articles car je sais qu'il intéressera mes lecteurs, curieux de connaître l'environnement naturel du village. Comme pour le village la première fois, je débuterai par quelques considérations historiques, puis vous dirai deux mots du climat avant de parler vaguement de la végétation.

Une invitation au voyage

La région géographique dans laquelle se trouve le village s'appelle le plateau de Moxos. Il s'agit d'une immense zone allant de la Forêt Amazonienne aux premières pentes de la Cordillère des Andes. Les Sirionos en occupent une partie située à l'est et on pense actuellement qu'ils sont arrivés là par le Sud. Ils ont rencontrés là beaucoup d'autres peuples qui font de la zone un ancien carrefour civilisationnel, qui n'en a cependant gardé que peu de traces, la plupart de ces peuples étant des chasseurs-cueilleurs.

Un panachage de verdure

L'arrivée des colons espagnols a brouillé la situation, et l'arrivée des américains a fini de brouiller les pistes. Je ne sais pas si il faut croire les histoires de stérilisation massive des femmes indigènes mais il est certain que des cultures entières ont disparu. Les américains venaient là en considérant la région comme un nouveau far-west où ils développaient de grands élevages, recrutant plus ou moins de force les locaux.

Une eau polie par le ciel

Mais passons maintenant par le climat avant d'arriver à la végétation. Il se compose de deux saisons principales. La première, qui va de septembre à mars environ est la saison des pluies. C'est la saison la plus chaude mais aussi la plus humide. De nombreuses terres sont immergées et la chasse est plus aisée. Les animaux sont par contre moins gras car il y a moins de fruits sauvages. L'autre est la saison sèche. Il y a davantage de fruits sur les arbres et les animaux sont plus gras. Les surfaces immergées augmentent, en laissant place à des bourbiers ou à des étangs marécageux. A un tel point qu'en siriono il n'y a qu'un mot pour lac et marais. Ils différencient au sein du marais celui où prolifère de la végétation (dyati) et un autre type plus propice à la baignade et à la pêche (erikyaan).

Une eau mousseuse de vie

Les eaux grouillent de poissons, dont les biens connus pirañas, ainsi qu'une vingtaine d'autres espèces étudiées par une chercheuse de l'université de Santa Cruz dans les années 90. Il est possible d'en voir plusieurs dans un musée de Trinidad où je n'ai pas encore pu aller. Les animaux aussi sont légions, aux noms et aux formes exotiques. J'ai commencé à interroger un informateur sur les noms des animaux et j'en ai déjà presque trente avec seulement les mammifères. Les oiseaux et les insectes sont tout aussi nombreux, avec au moins sept variétés de papillons différentes repérées pour l'instant.

Un premier pas dans les bois

Mais venons-en enfin aux milieux naturels qui s'entrelacent dans cette région du monde. On peut dans un premier temps distinguer la pampa de la jungle, ou selva en espagnol. La première est une sorte de plaine immense, à l'herbe rase et aux rares arbres secs. De grandes parts sont immergées pendant la moitié de l'année et les autres forment des collines où vivent divers animaux. La jungle est dispersée en bosquets, sans qu'il n'y ait de végétation intermédiaire entre la plaine et la jungle, étrangement.

Une jungle sablonneuse

Les sirionos distinguent trois types de jungle selon les arbres qui s'y trouvent, ce qu'il m'est bien difficile de rendre ici. Le mieux que je puisse faire est de vous présenter mon parcours depuis le village jusqu'à la plaine qui l'entoure. Je suis d'abord passé par des palmiers bas, d'où sortent de grands arbres au tronc clair. De certains pendent des boules blanches qui sont peut-être des papayes. Le sol est de terre, avec des fleurs sauvages et des buissons touffus. A peine quelques mètres plus loin, j'arrive à un sol sableux d'où sortent des tiges drues, ornées de maigres feuilles. Les arbres sont pleins de branches et des lianes pendent des arbres qui semblent morts. Il suffit de trois pas pour tomber sur une étendue d'eau stagnante d'où sortent des feuilles immenses et des troncs magnifiques d'arbres inconnus. Le sol est de boue et l'air, plus frais, vibre au son des oiseaux.

Une rangée d'oiseaux végétaux

J'arrive finalement à la plaine pour découvrir l'étendue immense et déserte. L'herbe est rase et quelque sillons dans le sol laissent penser qu'un tracteur est passé par là. La première pensée qui me vient alors est que Frodon et Sam ont dû ressentir la même impression à la fin du quatrième livre du Seigneur des Anneaux, découvrant les terres désolées qui entourent le Mordor.

Un vide à perdre la vue

Mes errances aux alentours du village ne me lassent pas de découvrir de nouvelles essences végétales inconnues et des variations végétales et aquatiques tout à fait inconnues à nos contrées. Si je ne suis pas subjugué par l'inconnu comme ont pu l'être les premiers explorateurs qui découvrirent ces terres, je suis complètement sous le charme. J'espère avoir réussi à vous transmettre un peu de ces beautés par ces quelques photos.

Un bouquet final


4 commentaires:

  1. Vraiment drôle comme on passe de la 'forêt' à un désert immense... Ca a l'air très chouette de s'y balader !! :) <3

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  2. Bravo poète! non seulement tu découvres les mots mais aussi les plantes et la beauté des choses... grand veinard va!

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  3. Excellent encore une fois.
    Mine de rien il y a pas mal de paysages différents là bas !!

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