Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

dimanche 21 juillet 2013

Un mois et demi de travail

Il est temps que je vous écrives. J'ai passé la moitié de mon temps en Bolivie cette année et surtout, je vais terminer demain une première période de travail intense. Et oui, je prends des vacances pour une semaine...même si ce ne sont pas vraiment des vacances. Je pars en fait pour Sucre afin d'y présenter un petite conférence pendant un congrès de chercheurs bolivianistes. Et comme je ne suis pas tout à fait prêt, je risque de passer pas mal de temps à bosser sur ma présentation plutôt que de profiter de mes vacances. Mais bon, je ne vais pas parler plus du futur et plutôt revenir sur ce long mois et demi sans nouvelles.
J'ai visité le jardin de la voisine et cet arbre est couvert de papayes !
Après le départ de Mathieu, je suis retourné à Ibiato et j'y suis resté la majeure partie du temps, n'allant à Trinidad qu'environ deux jours tous les dix jours. Fin juin j'y suis resté un peu plus longtemps à cause d'une petite crise intestinale. En ville, j'ai pu croiser une fois un collègue linguiste, et j'en ai raté une autre de passage, que je verrais à Sucre. Au village, j'ai passé la plus grande partie de mon temps à travailler avec Hugo. J'ai transcris environ 2h30 sur les 6h enregistrées l'année dernière, ce qui est excellent, mais par contre, je n'ai pas filmé de nouvelles histoires. En fait, je favorise mon projet de thèse au détriment de mon projet de documentation, de celui qui me finance. Je vais cependant me rattraper en août, sans aucun doute.
Ah oui, on m'a aussi demandé d'être jury pour la dernière journée de l'école-collège où ils présentaient leurs nouveaux acquis.

Ce qui s'est passé, c'est d'abord que je voulais travailler avec Hugo et qu'il était très très motivé pour cela, venant me tirer du lit le matin et restant à bosser avec moi presque tout le temps. Travailler avec lui est un vrai plaisir. Nous regardons ensemble les enregistrements en nous arrêtant après chaques phrases pour que je puisse les écrire. Au début il avait à les répéter plusieurs fois, j'avais à réécouter car je n'avais pas l'impression d'entendre la même chose. Je croyais qu'il ajoutait des mots, qu'il corrigeait ce que disait l'enregistrement. Et parfois, c'était vrai, mais la plupart du temps, c'est simplement que mon oreille n'était pas habituée. Aujourd'hui, j'arrive presque à tout entendre, tout en gardant des doutes sur les éléments les plus grammaticaux qui comportent des fricatives, de la nasalisation et des glottales. Par exemple, « à vous » ce dit « henhe » ce qui n'est pas du tout évident à entendre en fin de phrase !
Asseyez-vous pour déguiser la cuisine locale à base de riz, de poisson, de banane et de riz (beaucoup de riz).
J'arrive de mieux en mieux à traduire également, et je comprends parfois quand ils discutent entre eux sans faire attention à moi. Je pense que je ne suis pas très doué en langue car cela fait deux ans que je les connais, environ cinq mois que j'étudie leur langue avec eux, et pourtant je ne la comprends pas bien bien. Ce qui me rassure, c'est la lecture du journal de bord d'un groupe de missionnaires franciscains qui tentèrent de les civiliser dans les années 40 et qui notent après huit ans qu'une des raisons possible de leur échec à les garder à la mission est probablement le fait qu'ils n'arrivent toujours pas à communiquer correctement avec eux. Finalement, le siriono, une langue facile ? Pas tant que ça. Le vocabulaire est relativement simple à entendre mais faire une phrase correcte c'est un tout autre boulot. Heureusement mine de rien, sinon je m'ennuierai vite.
Pendant la semaine où j'étais malade à Trinidad, j'ai rencontré les rats qui vivent dans les décombres de l'ancienne église.
Bon, et sinon, qu'ai-je fais de bien palpitant durant ce mois et demi ? Et bien pas grand chose ! On aurait dû aller faire une expédition de cinq jours dans une partie du territoire pour faire un recensement des essences et ça n'a pas encore été fait. Je ne désespère pas d'y aller en août pour apprendre les noms des arbres et des oiseaux, chose très difficile à obtenir clairement car les noms en espagnol sont souvent des noms locaux et donc intraduisibles. J'ai bien un hocco à face nue et une ortalide maillée, mais c'est à peu près les seuls que j'ai pu identifier correctement.
Une photo où les gens posent de manière très naturelle. Je vous explique juste en-dessous pourquoi.
J'ai été traîné plusieurs fois à filmer des trucs pour les autres, sans que ce soit intéressant pour moi. J'ai ainsi filmé une partie de volley entre jeunes, dont l'équipe victorieuse fut celle de Pata de Aguila / Ngirai, l'autre village où je ne suis presque pas allé. J'ai assisté à la fête de l'école horticole du coin un soir aussi, avec des sketchs comiques et des danses rigolotes. J'ai aussi assisté à une soirée « élection de mini-miss » dans un collège-école primaire, c'était assez déprimant. J'ai été particulièrement sollicité par l'église du village. Ils m'ont demandé de filmer les enfants en train de dessiner pour envoyer le film aux pasteurs de l'étage supérieur au sein de l'église quadrangulaire afin qu'ils envoient d'autres cahier et crayons pour les enfants. Ils dessinaient des petits Moïse et Jésus en chantant selon des rythmes que j'aurais peut-être reconnu si j'étais allé un jour au cathé. Ils m'ont aussi demandé d'écrire une lettre de sollicitation aux bons samaritains pour qu'ils les aident à la réfection de leur église. En fait, ça existe vraiment les bons samaritains, ça s'appelle Samaritan's Purse. Du coup je doute de l'existence du père Noël.
Un match de volley-ball. Si ils gagnent au niveau régional, ils pourraient aller concourir à l'autre bout du pays.

Les mini-demoiselles et les mini-monsieurs qui jouent aux grands, ne comprennent rien à ce qui se passe.
Il y a bien deux autres petites choses qui m'ont pas mal occupé ces dernières semaines mais je vous raconterai ça une autre fois, après mes vacances. J'espère aussi vous proposer des articles plus intéressants, peut-être pas plus souvent mais avec davantage de contenu.
Bienvenue sur Air Ahuasil, la compagnie qui aérienne qui utilise des fils de fer comme piste d'atterrissage.

2 commentaires:

  1. Ha ben ça fait plaisir.... ton humour me manquait...

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  2. Des choses un peu déroutantes, mais de l'humour dans tes "billets"
    A 7 h du mat, tu m'as fait rigoler avec ta comparaison et référence au père noël, et ta compagnie aérienne. Merci !

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