Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

jeudi 16 mai 2013

Le cimetière de Santa Cruz

Alors qu'il pleut depuis ce matin, empêchant toute activité, je vous propose un nouvel article, à propos du cimetière de Santa Cruz. Il était sur le chemin pour le terminal bimodal où j’ai acheté mon ticket de bus pour aller à Trinidad où je suis bloqué à cause du mouvement social en cours. En face de l'entrée du cimetière, qui n'a rien d'extraordinaire, j'ai pu découvrir un des seuls arrêts de bus de la ville !

En bas, sur les lignes vertes et blanches, les numéros des bus qui s'arrêtent là.
Le cimetière est beaucoup plus grand que celui de Trinidad, dont j'avais parlé en 2011. Il est hors-sol, sans tombes enterrées. Il y a, comme j'ai aussi pu voir en Espagne, des murs de casiers et des petits mausolées aux formes variées. Moins variées qu'à Trinidad et souvent dans des recoins exigus empêchant les photos, les édifices sont souvent fermés, avec un banc à l'intérieur ou en face, et plusieurs espaces intérieurs avec des noms et des portraits des défunts. Plusieurs espaces sont réservés à des corporations professionnelles plutôt qu'à des familles, notamment dans les transports. Le tout est organisé autour de larges allées fleuries, plutôt mieux entretenues qu'à Trinidad.

A droite, un mur pour les morts de la guerre du Chaco.
J’ai un peu retrouvé les sensations que j’avais eu à Trinidad, sauf que j’étais seul cette fois, et moins dans une dynamique de dérive situationniste. L'ambiance était moins à l'errance à cause d'une organisation plus carrée de l'espace, avec des découpages moins chaotiques et des perspectives toujours fermées par des murs ou des casiers funèbres. J’ai quand même retrouvé des coins où la nature s’infiltrait entre les pierres, montrant que la mort n’empêche pas la vie.
Un coin un peu plus tranquille.
Après avoir marché un peu, je m’aperçois que je suis suivi par un homme d’une trentaine d’année. Il me suit ostensiblement, en marchant dans les allées parallèles aux miennes. J'aurais pu le semer facilement, car mon rythme de marche est habituellement rapide, mais j’ai envie de profiter du calme du lieu, assez désert. Je le laisse donc me rattraper et m’aborder.
C'est bien le mausolée de la police, pas le commissariat.
Il ne s’étonne pas trop de me voir par ici, puisqu’il y a de nombreux étrangers dans la ville. Il sous-entend d’ailleurs que la ville était plus tranquille avant que l’immigration de gens de l’Altiplano ne devienne importante. C’est surtout que la ville a subi une croissance extrêmement rapide ces dernières années, engendrant de nombreux problèmes, tant de logement que de travail, évidemment. C’est peut-être aussi le cas dans ce cimetière, il n’y a que très peu d’espaces vides. Bien qu'il démente, je pense qu'il y a d'autres cimetières dans la ville, pour les gens moins aisés, ou qui ne sont pas baptisés. Car c'est un cimetière catholique, d'après ce qu'il me dit.
Une contre-allée fleurie, avec de l'ombre.
L’homme trouve mon profil sportif, puisque je ne suis pas bedonnant de bière et de viande, contrairement à la plupart des gens par ici. Il n’hésite pas à soulever mon t-shirt pour voir mon ventre, à soulever les manches pour voir mes muscles d’athlètes. Au bout d’un moment il me fait remarquer que je suis quand même très poilu. Que lui l’est beaucoup moins. Il me dit benoitement que j’dois être très poilu sous mon short. Je tente de changer de sujet mais il insiste. Il tend la main pour voir, je le repousse en lui disant que ça ne se fait pas dans ma culture.
Le voilà à droite sur la photo.
Difficile de ne pas l’envoyer paître, mais il l’a bien pris, puisque dans sa culture, ça se fait beaucoup plus facilement de parler du physique et de comparer nos corps avec nos copains. Je ne sais pas si c’est culturel, je crois plutôt que c'est de la simple curiosité. En tout cas il n’a pas voulu me lâcher avant que nous n’arrivions au terminal bimodal, après une bavarde traversée du cimetière.

Il m’a appris une ou deux choses intéressantes mais son insistance à connaître ma pilosité était assez dérangeante. Il n'était pas si désagréable et il ne m'a pas demandé d'argent, mais sa présence à quelque peu gâchée la visite du cimetière et la tranquillité que j'espérais y trouver. J'ai bien pu prendre quelques photos mais j'ai l'impression d'avoir raté quelque chose. Je ne pense pas y retourner pour autant, je visiterai plutôt le cimetière d'une autre ville. En attendant, je vais vous laisser et répondre à l'appel de mon hamac !
Mon hamac brésilien (ou chinois peut-être), avec la moustiquaire que m'a prêté la famille, je pense en acheter une autre plus adaptée.


3 commentaires:

  1. c'est à la fois amusant et inquiétant ton message... t'es sûr que les cimetières ne sont pas des lieux de rendez vous homo?
    fais attention quand même...
    bisous

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  2. C'est moi ou tu fais souvent des rencontres bizarres? Bah si tu dégaines des muscles de body-builder en plein cimetière aussi... XD

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