Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

samedi 1 décembre 2012

Anniversaire du département Béni

Le 18 novembre, c’est l’anniversaire de ma tendre, mais c’est aussi l’anniversaire de création du département autonome du Béni ! Et pour cette occasion, hop hop, on rassemble un peu tout le monde et on fait un beau petit défilé officiel. Un peu comme le 14 juillet en France, mais en plus rigolo, parce qu’il y avait toute la société civile, par organisations puis lycées, écoles, tout le monde en fait. Cela dit, il n’y a pas grand-chose de plus à raconter sur ce sujet, qui illustrera cet article au pied levé.
Une deux une deux...voici les appelés de l'année, tout peinturlurés !
Cet article va plutôt être l’occasion de parler de politique, et de vous raconter la suite de l’article publié l’année dernière à propos de la marche indigène. Pendant mon séjour l’an dernier, un bon nombre de Sirionos partirent pour La Paz, la capitale de la Bolivie, pour demander au président de renoncer à la construction d’une route qui allait traverser le territoire de leurs frères indigènes du TIPNIS, également réserve naturelle. La marche a été interrompue à mi-chemin par une répression policière violente, puis elle a repris ensuite pour atteindre son objectif il y a un peu plus d’un an. J'ai un petit film d'une heure sur le sujet pour ceux qui voudraient en savoir plus.
Les petits gars de la marine, avec leurs sur-bottines
La marche a été victorieuse mais difficile, plusieurs personnes sont mortes pendant le trajet, et beaucoup sont tombés malades, dont mes hôtes. Ils remportèrent cependant une certaine victoire puisque le gouvernement, dirigé par Evo Morales Ayma, ancien marxiste aujourd’hui socialiste-indigéniste, a accepté de suspendre le projet de route.
Les demoiselles de Rochefort
Une autre manifestation a cependant eu lieu peu après, de Cochabamba à La Paz, par d’autres personnes favorables à la construction de cette route, qui va désenclaver leurs villages et leur permettre de mieux s’intégrer à la société bolivienne. Et qui va libérer des terres pour installer des cultures extensives à la place des forêts naturelles dans lesquelles vit une faune d’une rare diversité. Le problème est complexe et le président décida alors de proposer un référendum aux personnes vivantes dans le TIPNIS.
Et voilà, tout bien rangé !
Nouvelle marche de Trinidad à La Paz des indigènes contre la route. Nous sommes au printemps 2012, et cette fois les indigènes demandent un renoncement complet, et non un référendum dont les résultats pourraient être trafiqués facilement. Nouveau mouvement social et nouvelle victoire, puisque le gouvernement gèle le projet jusqu’aux prochaines élections.
L'indigène qui gène les indigènes
Avec tout ça, le gouvernement socialiste a perdu une grosse partie de ses soutiens, les populations indigènes de ce département, et d’autour, car l’ensemble a été bien médiatisé. Le 20 janvier prochain va avoir lieu une élection pour le gobernador du département, et l’élection risque d’être tendue. A côté du traditionnel candidat de droite et de la candidate socialiste émerge un candidat indigène, soutenu par une partie de la Confédération des Peuples Indigènes du Béni (CPIB).
Plein de drapeau, mais je n'ai toujours pas réussi à m'en procurer un...

La confédération indigène nationale, l'organisation des femmes du département et l'organisation indigène du département,
avec son drapeau blanc à fleur de patuju
L’organisation indigène du parc TIPNIS a  gagné en puissance avec cette lutte, et les soutiens par les autres indigènes sont total. Du côté des Sirionos, il est à craindre que si la route se poursuive ensuite vers l’est, elle en vienne à traverser leur territoire. Et donc, ils sont plutôt contre le parti du gouvernement, et peuvent  même arriver à dire que seule la droite leur a donné quelque chose, leur territoire actuel. Ce qui est oublier beaucoup d’aides nationales, pour la construction de routes, d’écoles, et autres.
Appréciez l'ironie de la situation, c'est le groupe qui est contre le projet de route qui passe devant le président
En France, pour le 14 juillet, il y a la CGT ? Et en Belgique, Suisse, ailleurs ?
Mais par ailleurs, la candidate socialiste présente bien, et pourrait avoir un soutien plutôt large du côté des jeunes et des travailleurs pauvres. Le candidat indigène fait figure d’outsider, n’ayant aucuns moyens pour sa campagne. Il y a donc en ville de nombreuses peintures murales et affiches pour l’un ou l’autre des candidats. Celle qui suit est pour le maire actuel de la ville de Trinidad, dont le slogan est d’une originalité folle ! Et oui, avec lui, le changement c’est maintenant (el cambio comienza ahora).
Et le tag sur le mot Alcalde (maire) le désigne comme assassin, bonne ambiance
Vivement donc ces élections, pour connaître la suite de cette aventure sociale, dont les implications sont importantes ici, et qui pourrait évoluer encore avec l’élection nationale qui approche !

Et pour finir avec le défilé du 18 décembre, une photo du comité de vigilance du Béni, une sorte d’intercommunalité qui discute des projets des provinces. Les membres devenant des sortes d’experts dans leurs communautés, présentant les bonnes idées appliquées à côté. Et au centre, sous l’étendard, c’est mon hôte, Fernando ! Je vous donne d’ailleurs rendez-vous avec lui dans un prochain article où il y aura des morts et des mangues !
J'adore la pose digne du monsieur à droite, qui tient le téléphone de sa femme

3 commentaires:

  1. AHHHH enfin on l'a attendu celui-là!
    mais il y a de la matière... MERCI MERCI§

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  2. Vraiment très intéressant ce petit aperçu politique. Au nom de la ligue belge de lecture de ton blog, j'en demande plus !

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  3. Merci beaucoup pour vos messages, je suis content de savoir que ça vous a plu ! Et j'espère que la ligue belge de lecture de ce blog sera satisfaite car sa demande a été entendu et qu'un nouvel article super long est disponible (ainsi qu'un combarticle sur Zana, c'est fracaso-génial, non ?)

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