Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

vendredi 27 mai 2011

C'est beau la vie

Dans un mois, je prendrais un avion pour la Bolivie. J'y resterais 72 jours, jusqu'à prendre un nouvel avion le 6 septembre, pour rentrer en France le sept.

Mais pourquoi donc ?

C'est l'objet de ce message, les suivants serviront à détailler un peu tout ça.
Je fais des études de sciences du langage depuis un bout de temps maintenant. Des études qui servent à étudier les langues. Et c'est donc ce que je vais faire. Je n'ai pas très envie de le faire sur le français, parce que c'est une langue que j'apprécie assez peu, bien trop irrégulière pour moi. Les autres langues européennes, pourquoi pas, mais pas mal de chose a déjà été fait. Il faut donc aller voir ailleurs. Mon premier objet d'intérêt ont été les langues artificielles, mais on m'a fait comprendre à d'innombrables reprises que ça ne serait pas possible.

Pourquoi la Bolivie ?

Parce que c'est un pays d'Amérique du sud dans lequel il y a beaucoup de langues, et que la plupart sont très peu connues. C'est un pays dans lequel plusieurs chercheurs européens travaillent en ce moment, et notamment plusieurs à Lyon. Comme j'étudie dans cette ville, on m'a proposé d'aller là-bas. Sur conseil de plusieurs linguistes et intérêt d'une communauté sur place, je me retrouve à partir dans ce pays lointain. Je vais y rencontrer les Siriono.

Les Siriono ?

Il s'agit d'une ethnie vivant en Bolivie, dans la région du Béni. Ils seraient environ un millier aujourd'hui, mais ils ont peut-être été bien plus nombreux. En fuyant les colons européens ils sont devenus nomades. Pendant des siècles ils ont survécus d'une chasse difficile, de pêche et de cueillette. Il y a une soixantaine d'année, un anthropologue a débarqué là-bas un peu par hasard et il a écrit un livre les présentant comme des nomades sans cultures, des primitifs ayant une société structurée malgré leur éloignement total de toute civilisation. Un texte majeur qui a fait réagir de nombreux chercheurs. Soixante ans après, ils sembleraient qu'ils ne soient plus nomades. Ils vivent dans un territoire qui leur appartient (depuis leurs grandes mobilisations pour la Dignité et la Liberté, j'y reviendrais). Deux villages principaux sont nés, le premier à cause des missionnaires et le second par leur propre volonté. C'est là-bas que j'irais.

Dans un village ?

D'abord à Santa Cruz, la plus grande ville du pays, puis Trinidad, dans la région du Béni. Et enfin, j'irais dans leur village, oui. Ils sembleraient qu'ils soient quelques centaines à parler principalement espagnol maintenant. Les enfants qui font leur scolarité la font en espagnol et j'aurais surement plutôt affaire à des personnes âgées pour mon travail.

Un travail ?

Oui, ce n'est pas pour faire du tourisme que je vais en Bolivie. J'y vais pour étudier la langue des Siriono et pour ce faire, j'aurais à collecter pas mal de données. Non, je n'apprendrais pas leur langue en deux mois. J'enregistrerais d'abord des listes de mots. Les mots du quotidien, des concepts habituels. Ensuite des histoires pour voir comment s'arrangent les mots. A partir des listes de mots, je chercherais à comprendre le système sonore de la langue, la phonologie. A partir des textes je pourrais étudier la grammaire, comprendre comment se découpent les mots et comment ils interagissent entre eux. Mais tout ça ne pourra se faire en deux mois. La phonologie sera le sujet de mon mémoire de Master 2 tandis que la morpho-syntaxe constituera le sujet d'une thèse, si tout se passe bien.

Mais comment ça va se passer concrètement ? Et tu prépares ça comment ? Ça ressemble à quoi la Bolivie ? Tu me ramènes un truc ?

Les réponses à toutes ces questions viendront dans les prochains messages, et ils constitueront la majeure partie de ce que je pourrais ramener de Bolivie. A suivre donc, si ça vous intéresse !

4 commentaires:

  1. Mais comment ca va se passer concrètement? Et tu prépares ca comment? Ca ressemble à quoi la Bolivie? Tu me ramène un truc?

    Ahaha nen plus sérieusement, ramène moi une description complète de leur morphologie urbaine s'il te plait ^^. C'est interessant de voir comment des nomades ont organisés un système urbain héhé.

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  2. J'ajoute ce blog à mes liens, et je prend mon air de celui qui est attentif, car ça promet d'être intéressant.

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  3. Dolly > C'est marrant, je n'imaginais pas de m'intéresser à ça une fois sur place mais puisque tu en parles, j'essayerais. J'ai du coup fait un article sur les villes, mais je n'ai pas parlé des deux villages Sirionós. En fait, l'un a été construit par les missionnaires et doit donc être organisé autour d'une église. L'autre en revanche est purement Sirionós et donc bien plus intéressant je pense. Après ça, leur habitat nomade m'intéresse aussi, voir si c'est uniquement des hamacs ou si ils ont des sortes de tentes-yourtes...mais j'sais pas si je pourrais voir ça cette année !

    Mortis > Bienvenue à bord, Capitaine.

    Diane > Tu peux ^^

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