Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

samedi 9 juillet 2011

Santa Cruz - Trinidad

Ça y est, changement d'acte ! J'ai payé mes neuf nuits à Santa Cruz puis j'ai pris un taxi pour le terminal de bus. Je n'avais pas acheté mon billet de bus avant et je crois que c'était une erreur, car je l'ai payé relativement cher du coup. Autour de 28 euros. En plus, le bus ne partait que deux heures et demi plus tard et j'eus donc à attendre avec mon gros sac à dos dans la gare. J'en ai profité pour acheter un paquet de gâteau, en cas de faim pendant la nuit. Car oui, j'ai pris un bus de nuit, avec fauteuil inclinable. Je m'assieds sur un banc puis entends des gens un peu plus loin pousser des cris. Je vais voir et les trouve rassemblés devant la télé en train de regarder le match de la Bolivie. Contre le Costa Rica je crois. Suite à l'échec de l'Argentine, une victoire leurs permettrait de se placer directement en première position et de pouvoir continuer la compétition. Oui, mais ça ne s'est vraiment pas bien passé. Je n'ai pas suivi la première mi-temps mais la seconde fut une suite de malchance ou d'acharnement de l'arbitre qui les a conduit à une défaite implacable.

La télé devant laquelle je me suis installée était bien petite et l'antenne vacillait, ce qui entraînait des parasites rendant le tout peu clair. Je crois donc que l'action s'est déroulée ainsi : l'attaquant du Costa Rica tire au but, le gardien repousse la balle vers un autre qui tire, un défenseur bolivien se trouve sur la trajectoire de la balle et repousse le ballon. L'arbitre siffle et met un carton rouge au joueur. Selon lui, c'était intentionnel et la balle serait entrée en contact avec le bras...mouais...enfin du coup, penalty et but...la moitié des spectateurs autour de moi partent ou se désintéressent du match. Je reste encore un peu pour voir un deuxième carton rouge, pour un tacle malencontreux et un deuxième but du Costa Rica, bien mérité.


La vue du quai depuis ma place

Je retourne alors au couloir d'accès au quai et là l'homme m'indique qu'il me manque un coupon. Je vais donc le chercher et paye trois bolivianos (30 centimes) de taxe de gare, ou quelque chose comme ça. Cette fois c'est bon, je peux accéder au quai et à la quinzaine de bus stationnés là. Je ne comprends rien du tout et cherche au hasard un bus. Le nom de la compagnie dont j'ai un ticket, le nom indiqué sur le ticket et le nom sur le bus sont différents mais l'heure et la destination correspondent. Je vais voir les gens qui s'affairent autour de la soute pour vérifier et ils me confirment l'heure de départ sans regarder mon ticket...mouais...je me dis que c'est bon et leurs demande de mettre mon sac en soute. Ils me demandent 10 bolivianos de plus (1 euros). Je leurs donne sans trop protester, ça me rassure un peu sur le fait d'avoir mon sac à l'arrivée. Je monte ensuite dans le bus.

Les places à côté de la mienne
Il s'agit d'un bus à deux étages et je suis en haut, tout à l'avant. Face à moi se trouve une vitre teintée, fendue à plusieurs endroit. Il y a trois rangées de siège, deux à bâbord et une à tribord. Mon siège est seul, de l'autre côté du couloir s'installent un jeune couple de bolivien. Le bus part avec une demi-heure de retard et le chauffeur lance un film. Je ne vois pas bien l'écran, étant juste en dessous, mais de toute façon, je n'ai aucune envie de regarder un film et je tente de m'endormir. La route est longue et pas vraiment plate. Si au début ça va, la route se dégrade progressivement, et le bus ralentit terriblement pour faire des zigzag pour éviter les cahots. Aux environs de trois heures du matin, le bus s'arrête dans une rue où tous les commercent semblent identiques. Des rangées de bouteilles de soda avec des panneaux indiquant des toilettes dans une arrière-cour. J'y vais sans enthousiasme et l'état de propreté y est comme je le craignais. Je me dépêche un peu pour pas que le bus reparte sans moi et c'est reparti pour des heures de route.


Sur l'ecran du cyber d'où je poste ce message je ne vois rien du tout de l'image
Je crois que j'ai dormi un peu, par intermittence. Une fois le ciel moins sombre, à l'heure bleue comme on dit, j'ai commencé à guetter les routes qui partaient à droite. C'est en effet par là que se trouve le village des Sirionos où je me rendrais bientôt. Je ne l'ai pas vu mais j'ai pu profiter de la végétation. La pampa c'est vraiment un truc incroyable. Entre les bosquets relativement verts et les étendues d'herbes sèches et d'arbres aux rares branches lézardent des filets d'eau marécageuse. Les seules habitations par ici sont des ranchs d'éleveurs. Ce sont les terres des Sirionos. Des terres à moitiés inondées pendant la période des pluies et partiellement désertiques le reste de l'année. Un climat bien particulier.

A la première heure du jour
On arrive finalement à Trinidad où les bus clinquants dénotent par rapport aux teintes locales. Tout est poussière. Trini, comme les gens disent ici, est une ville de western, où les chevaux ont été remplacés par des motos. Les rues immenses sont plus ou moins goudronnées mais toujours cernées de caniveaux où stagne de l'eau puante. Je me rends vers ce que j'estime être le centre-ville. Il est tôt dans la matinée mais il y a déjà de nombreuses motos et quelques rares voitures. Les gens me regardent très bizarrement. Je me sens ici bien plus étranger que je l'étais à Santa Cruz. Les touristes ne viennent pas trop ici et il y a moins de brassage ethnique. C'est néanmoins une ville assez riche, comme je m'en aperçois en arrivant sur la place centrale. Je m'y assieds un moment pour me reposer d'avoir marché avec mon sac à dos. Il est très tôt et je crains que l'hôtel ne m'accepte pas, où me facture une nuit supplémentaire. Je sais qu'ils font ça, parfois.

Le parc où je suis resté trois plombes
Je traîne une heure puis finis par repartir dans la direction opposée à celle par laquelle je suis arrivé. Pour ne pas tourner en rond pendant encore des heures, je demande à un monsieur. Je comprends ce qu'il me dit sans problème, pour une fois, et je me dirige dans la bonne direction. Arrivé à l'hôtel, deux jeunes m'accueillent et me disent que c'est 100 bolivianos la nuit (10 euros). C'est un peu cher et j'essaye de leur demander s'ils n'ont pas des dortoirs collectifs. Cette fois, ils ne me comprennent pas...et de toute façon ils n'ont pas de chambre libre à ce moment là, il faudra que je repasse vers midi. Je retourne alors un peu penaud sur la place centrale. C'est que...je me serais bien reposé un moment et je serais bien allé aux toilettes aussi.

La fontaine qui ne coule pas, au centre du parc
Je change de banc et lis un peu. Au bout d'un moment je vois passer un monsieur avec une brouette dans laquelle il y a un grand bac et des verres en plastique. Je vais lui demander ce que c'est et il me dit que c'est du lait de coco ! J'en prends un verre avec plaisir. C'est glacé et sucré, tout à fait délicieux ! Je me dis que finalement cette ville n'est sûrement pas si désertique.
La flèche avec la sorcière pointent vers l'église de la place
Après encore un bon moment, c'est que j'ai trois heures à attendre mine de rien, je vois un homme déposer quelque chose sur l'arbre à côté de moi. Je me lève pour aller voir ce que c'est et découvre un curieux animal qui s'agrippe tant bien que mal à l'arbre. Une famille est à côté à le regarder aussi. Une dame s'arrête à côté de moi pour faire un commentaire puis me demande d'où je viens. Elle me dit qu'elle est suisse et vit en Bolivie depuis très longtemps. A un tel point qu'elle ne parle plus français, mais le comprend encore. Elle me dit que c'est un peresozo, un paresseux. Je discute un petit peu puis retourne m'asseoir. Je le vois alors passer au dessus de moi, comme au ralenti. Lançant ses longs bras pour attraper une branche, la vérifier lentement avant d'y lancer une jambe ou un autre bras puis de se balancer jusqu'à elle. C'est vraiment un étrange animal !
L'étrrange animal
Je finis par me diriger à l'hôtel. Une dame m'accueille cette fois et me propose une chambre seul à 100 ou une chambre partagée avec un autre pour 50. J'accepte avec joie le second choix et profite d'une chambre où je suis en fait seul. Elle est au fond de la cour, et c'est ce que recommandait le guide du Routard de Bolivie. Sauf que ce guide est complètement nul pour la Bolivie, avec des informations erronées ou destinés aux nouveaux retraités. Cette fois, le coup de « Demander les chambres du fond, moins bruyantes » est mis en défaut par une pompe à eau qui vrombit bruyamment et l'écoulement de l'eau dès qu'elle s'arrête. Sans compter les enfants qui jouent dans la cour juste de l'autre côté du mur. Mais qu'importe, je suis exténué et peux donc dormir quelques heures.

Le paresseux s'agripant d'un arbre à l'autre
Je me rends ensuite à mon rendez-vous, pour lequel j'ai normalement été introduit par la personne que j'ai vue à Santa Cruz. Je vois bien la personne qu'il m'avait dit de voir mais elle ne semble pas voir qui je suis. Elle lit le document que j'avais préparé et me dit de revenir lundi après midi, vers 3h, parce que les responsables ne sont pas là aujourd'hui. C'est donc parti pour un weekend à traîner à Trinidad ! Et cette fois pas de wifi à l'hôtel ! J'écris donc à l'hôtel puis me rends dans un cyber pour vous envoyer ça. Ce qui signifie donc moins d'article dans les prochains jours, voir dans les prochaines semaines. Si vous vous ennuyez, je vous recommande le carnet de voyage de deux français qui traversent l'Amérique du Sud en vélo. Je les ai croisés à Santa Cruz et ils sont très sympas ! Le lien se trouve dans la barre à droite et regardez particulièrement les photos du Lipez et du désert d'Uyuni, c'est vraiment chouette. Ce sont des régions au sud de la Bolivie dont le climat n'a absolument rien avoir avec celui de Trinidad !

Ma fraiche chambre d'hôtel sans carreaux
Aller, à la prochaine pour une visite de la ville !

3 commentaires:

  1. Etrange article entre un contentement relatif et une série de photo où on se sait trop que voir... Dernière escale avant l'aventure, il faut profiter de la civilisation, et du paresseux, c'est trop cool comme animal, ça a une expression géniale. Puis ça risque pas de s'enfuir en te voyant...

    <3

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  2. Oui, moi aussi je sens un peu de langueur dûe au sommeil et au paresseux sans doute.... mais c'est là que commence le vrai voyage moins balisé avec ses incertitudes, et ses temps morts.... apprentissage...
    bisoussss

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  3. ooooh un paresseux!! j'adore ces bestioles, c'est mon deuxième animal préféré (après le cochon) ils ont une philosophie de vie géniale!
    autrement je peux te dire que le guide du routard pour le Pays de Galles non plus il n'est pas cool, ni pour l'Ecosse, je crois que je l'acheterai plus, parce qu'en fait c'est destiné aux motorisés surtout et ça donne que les coins touristique... lonely Planet est mieux je crois.

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