Pitch

Fragments de voyages en Bolivie par un apprenti linguiste étudiant la langue des Siriono.

dimanche 25 août 2013

Le cimetière de Sucre

Je vous en avais parlé dans un précédent message, j'ai visité le cimetière de Sucre. Je n'ai pas écrit d'article sur le coup mais je vous en propose un aujourd'hui, en revoyant mes photos. En fait, le cimetière n'a rien de particulièrement exceptionnel, il est différent de celui de Trinidad mais ressemble pas mal à celui de Santa Cruz, avec en plus des décorations qui semblent très inspirées de celles du vieux continent. La visite ne fut pas particulièrement pleine d'émotion, sans doute parce que j'étais avec un collègue et que nous avons discuté tout du long. Ce n'était pas l'idéal pour apprécier le lieu, et pourtant, j'aime bien les photos que j'ai pris ce jour là.

Mon quotidien n'est pas fait de cimetière, et ça va plutôt bien ces jours-ci. Je me suis bien installé dans ma nouvelle chambre mais il me reste encore des choses à faire, du coup je bricole pas mal. Le froid me motive à pelleter de la terre ou à déplacer des planches pour me réchauffer. J'ai ainsi cloué un volet pour ma fenêtre et comblé les trous dans le sol de ma piaule. J'ai aussi nettoyé derrière la maison, la partie qui est maintenant sèche. J'ai désherbé à la machette puis rassemblé les déchêts pour les brûler. Ça ne fait pas avancer mon étude mais ça m'occupe l'esprit et me permet de ne plus penser au fait que ma compagne soit partie à cause de ma présence en Bolivie. Je sais que ce que je fais à une valeur, c'est important pour de nombreuses personnes, plus important que ne l'était ma relation, même si elle me plaisait bien. Du coup, j'avance, et même si je regarde un peu en arrière aujourd'hui pour vous proposer ces quelques photos, c'est pour mieux aller de l'avant.

Je vais essayer de vous proposer un autre article sous peu, d'ici là profitez de ce soixante-dixième article (septantième article) !

L'allée centrale où est passé une procession un peu plus tard, je n'ai pas osé les photographier.
Des tombes massives et plutôt anciennes.
A nouveau les cages à lapin remplies de fausses fleurs en plastique.
Une autre allée, avec une perspective un peu bizarre.
A vrai dire, un cimetière c'est surtout des allées et des tombes, non ?
D'ailleurs, voici des tombes, avec leurs petits jardins privés.
Et voici un mausolée avec une inscription un peu étrange en haut à droite (cliquez pour agrandir)
Une autre tombe avec à côté des tout petits trous pour enterrer des tout petits gens, ou des plantes, je ne vois pas bien.
Cette barre d'immeuble a même des petits stores pour protéger les résidents du soleil !
Et au fond, un champ de croix et un immeuble impressionnant.
Voilà voilà, ça sera tout pour cette fois ! A bientôt pour un sujet un peu plus joyeux !

mardi 20 août 2013

Construire une maison

Je ne vous en ai pas parlé avant car j'attendais que ce fut terminé, et maintenant ça y est, j'ai emménagé dans ma propre maison ! Souvenez-vous, j'habitais jusque là dans une chambre de la maison de Fernando Dicarere. La première année j'avais partagé la chambre avec les enfants, les deux dormants dans un lit, moi dans l'autre. Ce n'était pas très agréable ni pratique pour travailler, j'étais obligé d'aller à droite à gauche pour trouver un coin tranquille où bosser. L'année dernière, ils avaient déplacé le lit des enfants à côté du leur et j'avais donc la chambre pour moi tout seul, avec la possibilité d'y faire venir les gens pour travailler. Beaucoup de bruit autour mais néanmoins un espace plus agréable et plus chaleureux. Ça, pour la chaleur, il y en avait pas mal ! Le plafond de cette chambre est très bas, de plaques d'aluminium bouillantes. Les murs étaient de terre à peine tassée entre des tiges de bambous, s'effondrant en de nombreux endroits, rendant la pièce poussiéreuse et les murs inexistants par endroits. Le sol était de ciment pour une partie, de terre pour le reste, là aussi assez sale.
Hey non, ce n'est pas le chantier de ma maison, j'ai préféré quelque chose de plus traditionnel !
Cette année, je me suis installé de nouveau dans cette chambre, avec néanmoins toujours l'idée d'en changer un jour, ce que je n'ai finalement pu faire qu'à mon centième jour en Bolivie. En fait, Fernando, mon hôte, se débrouille avec des prêts bancaires et la vente de vivres et sodas au village. Il apprécie grandement le loyer que je leur paye, qui leur permet de continuer à magouiller sans vraiment travailler. Sa maison est vieille et il voulait en changer depuis longtemps, me parlant déjà de ça la première année où je suis venu. Je ne prévois pas de vivre en Bolivie et je ne voulais donc pas d'une maison à moi, cependant un endroit un peu plus agréable pour passer les mois qu'il me reste à vivre au village me paraissait une bonne idée. J'ai donc négocié avec Fernando pour que nous partagions les frais en deux, la moitié pour moi l'autre pour ses enfants.
Partage des poutres à la tronçonneuse.
La première étape fut de nettoyer un bout du lot de Fernando pour y installer la maison. Je me suis proposé à plusieurs reprises pour donner de la machette mais ils n'ont pas voulu me laisser faire et ont préféré payer un voisin pour qu'il le fasse. Le sol au centre de la zone était inondé, ce qui lui arrive chaque année, parce que tout ce coin est trop bas. On a donc dû attendre que ça sèche pour brûler les broussailles et dégager l'espace. Encore du temps d'attente ensuite avant que Fernando ne se procure les poutres pour débuter la construction. Ce n'est que début juillet qu'a finalement pu commencer le chantier.
La fine équipe, avec la femme du pasteur à droite, le pasteur puis deux voisins et une voisine de passage.
J'ai alors pu découvrir un drôle d'outil qui s'appelle la bouche-de-loup, ou bocalobo en espagnol, ce qui n'a rien à voir avec la queue-de-loup. Il s'agit de deux pelles reliées ensemble juste au dessus des lames, créant une sorte de mini-pelleteuse manuelle qu'il faut plonger dans le sol fortement pour arracher des bouchées de terre. Ils m'ont laissé faire le premier trou mais c'est épuisant alors je leur ai volontiers laissé faire les suivants. Les deux travailleurs étaient un voisin ainsi que le pasteur du village, à qui j'ai offert un t-shirt de l'équipe de foot de Lyon. Fernando s'occupait de les payer mais n'a que très rarement donné un coup de main, se contentant de regarder l'avancée du chantier. Ce qui ne me plaisait pas du tout. J'ai donc poursuivis le désherbage et le nettoyage des nombreux déchets qui envahissaient le terrain. Comme il n'y a pas de système de ramassage des poubelles, les déchets s'envolent et terminent dispersés un peu partout.
Les travailleurs s'activent, sauf Fernando, qui sert à boire et moi qui prend des photos, faute de pouvoir aider à cette étape.
Une fois les colonnes installées, il a été possible d'installer le toit, en ajustant des poutrelles puis en clouant des plaques d'aluminiums de 3m de long. C'est à ce moment là que Fernando a réalisé qu'il n'avait pas donné les bonnes dimensions pour la maison. Elle fait 8m de large par 5,50m alors qu'elle n'aurait dû faire que 5m de profondeur. Les deux chambres font donc 4m x 3m et le corridor extérieur est assez immense. En dépassant d'un demi mètre sur la prévision, ça obligeait à couvrir le toit avec deux plaques et demi au lieu de deux. Un mince désagrément mais des dépenses supplémentaires, d'autant que Fernando n'a pas voulu écouter mon calcul de surface et s'est retrouvé avec cinq plaques de trop. Ce qui lui a permis du coup d'agrandir sa maison d'une nouvelle pièce.
Le pasteur est en jaune cette fois, en train de clouer les plaques d'aluminium.
Tout cela a fait plus de frais que ce que j'avais prévu initialement, mais la plus grande partie pourra être couverte par la bourse qui me finance. Je vais voir comment je vais m'arranger au finale, mais normalement, j'ai atteins le bout de mes finances pour cette année, ayant déjà payé mon loyer pour le dernier mois. Mais je sens que mon hôte va encore me solliciter bien des fois ! La gestion de mes ressources est loin d'être évidente, et même si j'essaye de dépenser le moins possible, je réalise de temps en temps qu'en fait, j'ai une paye maintenant et donc potentiellement pas mal de sous que je peux utiliser pour améliorer mon quotidien.
Dimanche, les voisins se sont installés pour profiter du spectacle.
Le toit a été terminé le 14 juillet, ce qui est le jour de l'anniversaire de Fernando ! On a donc fait une veillée et une messe dans ce nouvelle espace, avec le pasteur qui aidait à construire et pas mal de litres de soda. C'était plutôt rigolo, à vrai dire, même si les chants religieux étaient à la limite du supplice et l'explication d'un passage de la Bible débordant de contradictions. Je préférais néanmoins ça à une soirée alcoolisée car ils ne s'arrêtent de boire qu'une fois qu'ils sont tous en larmes. Même pas de vin de messe, juste du soda, des assiettes de riz au poulet et une protection divine sur ma future maison.
Les gens réunis dans ma maison pour la messe du dimanche soir
L'étape supplémentaire était d'ajouter de la terre pour éviter que la maison ne se retrouve inondée pendant la moitié de l'année. Pour cela, Fernando a négocié avec un camion qui venait faire des travaux pour la commune en leur payant le petit déjeuner, ainsi que quelques billets. Moins que si j'avais négocié seul, évidemment. Il a pu obtenir ainsi deux camions de terre que nous avons déchargé avec le voisin. Fernando a dû décharger environ 10%, moi peut-être 25% et le voisin le reste. Le sol s'est surélevé de trente centimètres environ, et j'ai redécouvert plein de muscles que je n'avais pas utilisés depuis longtemps.
Le rêve de tout jardinier : des tonnes de terre sans une pierre !
J'ai dû partir ensuite à Sucre, laissant le chantier en cours. Fernando m'assura que la maison serait terminée à mon retour afin que j'y aménage pour la fête du village, le 2 août. Je n'y croyais pas trop et effectivement, à mon retour il y avait trois murs de plus, mais il manquait encore la façade et les portes. L'installation électrique avait été faite et des câbles pendaient là où seraient les murs.
Pas de photo de moi en train de travailler mais voici mes collègues en train de terminer.
La fête a retardé la suite des travaux et il manquait des planches. Finalement, une moitié de façade a pu être montée puis la seconde pendant que j'étais à Trinidad pour un congrès national passionnant, dont je vous parlerez peut-être plus tard. De retour au village, j'ai pu voir la maison presque terminée, enfin. Il me manquait plus qu'à fixer une porte et à déménager les meubles, et avanti !
Et une autre, sous un autre angle, montrant l'étang derrière la maison, avec les bananiers.
Cela a été fait enfin le 18 août, presque deux mois après le début des travaux. Ma chambre est encore envahie par le surplus de planches, dont certaines qui serviront à faire une paroi pour l'espace devant la maison, là où donne le soleil l'après midi. Les autres serviront à faire des étagères, des bancs, des tables et j'ai envie d'essayer de faire une chaise africaine. J'ai quand même pu installer mon hamac et passer la journée suivante à travailler, et c'était génial ! Enfin du calme, une température plus fraîche et une odeur de bois frais.
Installation de la façade, et vous pouvez voir la bouche-de-loup en diagonale au milieu !
Les enfants ont emménagé dans l'autre partie, Fernando et Gladys ont repris la chambre qu'ils me louaient pour y installer leur magasin et leur lit. Ils comptent maintenant tomber les murs pour les remplacer par des planches, puis éventuellement changer le toit. Ils ont pas mal d'espace intérieur maintenant et peuvent déménager le lit des enfants dans leur maison sans problème pour louer l'autre moitié de ma maison en cas de touristes de passage (une fois à l'année) ou si d'autres chercheurs venaient (je croise les doigts).
Le voisin s'est acheté une scie électrique, bien plus pratique que la tronçonneuse !
Il reste encore quelques petites choses à faire, comme d'ajouter un peu de terre le long des murs, des planches en haut pour terminer de fermer, mettre un rideau à la fenêtre et trouver un moyen de la fermer, construire un coin où je pourrais me doucher et il me faut récupérer une citerne d'eau. J'ai aussi l'intention de planter un cocotier en face de la maison, mais je dois attendre un peu, au cas où le camion revienne, car on ajouterait bien un autre chargement de terre derrière la maison pour gagner un peu d'espace entre les moustiques et la maison.
Et ça y est, la maison est finie, à moins que je décide de la peindre ou de la lazurer un petit coup.
Ensuite, j'aurai ma maison en Bolivie ! Peut-être la seule maison que je construirai de toute ma vie, vu ce que ça coûte en France. Je peux y écouter de la musique à fond, y inviter des amis (quand j'en aurais au village ou qui viendront jusque là me voir) et surtout être au calme. C'est une petite satisfaction quand même.
Ma chambre est la partie de droite, celle qui est profite de l'ombre de l'autre dans l'après midi.
C'est d'autant plus rassurant que je ne sais pas où je vais habiter à mon retour. Car si ma vie ici trouve petit à petit sa stabilité et si je suis un peu mieux intégré qu'à mes débuts, j'ai l'impression quand même d'avoir mis beaucoup de choses entre parenthèses pendant tout ce temps loin de mes proches. Et notamment avec ma compagne qui s'est lassée de m'attendre. Malgré ça, j'ai quand même réussis à écrire un petit texte avec de l'aventure. Et j'tiens presque régulièrement ce blog, non ? J'ai hâte de rentrer, mais je sais aussi que mon travail n'est pas fini et qu'il me faut profiter ce nouveau lieu de vie et d'étude !
Et une vue de l'intérieur, qui donne l'impression que c'est tout petit alors que c'est pourtant 12m² !
Je vous raconterai une prochaine fois mon intégration dans le village et les fêtes qui sont nombreuses ce mois-ci. Je vous souhaite d'améliorer votre environnement de vie vous aussi et vous transmets une invitation officielle pour venir quand vous voulez dans ma maison de Bolivie !

lundi 5 août 2013

Le Sucre c'est capital

J'ai passé une semaine à Sucre et j'en suis revenu pour la fête d'Ibiato, qui fera l'objet d'un prochain message. Dans celui-ci je vais vous raconter un peu ce changement d'air qui fut plus que bienvenue après deux mois de terrain. La ville de Sucre est la capitale constitutionnelle de Bolivie, même si le gouvernement est à La Paz et que la capitale économique est maintenant Santa Cruz. Sucre, c'est une des plus anciennes ville de Bolivie, et elle renferme notamment la plus ancienne université d'Amérique du Sud (enfin ça, c'est comme les plus hautes tours d'Europe, ça dépend comment on calcul, mais en gros, c'est ancien). C'est à 1300km horizontalement de Trinidad et environ 2400 mètres verticalement.
La tour de contrôle de l'aéroport, un cliché tout à fait touristique.
Le gardien de l'aéroport, qui me regarde passer d'un œil gourmand.
Je suis partis du village alors qu'une masse d'air froide passait sur pays, venant de Patagonie. Il faisait froid et mon hôte m'a donc prêté un manteau du genre à la mode enfantine dans les années 90. J'suis partis en moto un lundi après midi jusqu'à Casarabe où j'ai attendu un taxi pour Trinidad. Là-bas j'ai pu acheter un veste en cuir et des gants pour le taxi sympa qui m'avait conduit jusqu'à Casarabe. J'ai laissé le manteau moche à mon hôte après qu'il m'eut accompagné au terminal de bus. Comme c'est lui qui a demandé pour une place de bus, j'ai payé largement moins cher que d'habitude. J'embarque après avoir dîné avec un couple d'anthropologue qui viennent vivre un an en Bolivie.
Première soirée, je marche au hasard, grimpant la première colline qui passe.
En errant, je tombe sur groupe qui danse. Mon appareil floute automatiquement les visages, pratique.
Le voyage se passe tranquillement, le bus fait une halte toilettes au milieu de nul part, à côté d'un panneau indiquant « Littoral », ce qui était assez surréaliste en plein milieu de la Bolivie. A Santa Cruz j'ai retrouvé par chance un collègue français ainsi qu'un historien américain de passage, que j'ai rencontré pour l'occasion et qui était très sympa. On est allé manger indien et chinois, ce qui était diablement agréable après deux mois de nourriture monotone. Les épices me manquent terriblement, ainsi que les légumes revenus au wok ou bouillis. De discuter en français, puis en anglais, c'était aussi très agréable, même si cette année je discute davantage par Skype avec Aurore.
Un plat d'Oruro, une autre ville du coin, la partie jaune sont du maïs mélangé à des pâtes, à côté la viande est épicée
et c'est un jus que je bois, sur cette nappe au motif cliché.
Les fleurs aussi sont différentes ici.
Départ pour Sucre avec en poche quelques conseils de l'historien qui venait de passer deux mois là-bas. J'arrive dans le B&B Santa Cecilia, une pension proposant des chambres pas trop chères, avec une cuisine commune et une terrasse ensoleillée bien agréable les premiers jours de frimas. La masse d'air froide était sévère, j'ai dû aller m'acheter un pull et un bonnet pour tenir. Je me suis un peu enrhumé puis mon nez s'est mis à saigner tout seul plusieurs fois, mais sinon ça a été. Me retrouver dans une maison en dur, avec une couette et une douche m'a fait vraiment plaisir !
Vue de la ville depuis une hauteur, car la ville est loin d'être plate.
Je déroge mon recadrage en seize neuvième pour cette vue à la grecque.
Je suis allé me promener pour aller manger du poisson à l'autre bout de la ville, de l'alose si j'ai bien compris le nom, en buvant un jus de tumbo, une sorte de fruit de la passion (passiflora tripartita var. Mollissima si je ne me gourre pas). J'suis allé à l'autre bout de la ville pour rencontrer des groupes de jeunes dansant avec enthousiasme une sorte de rock acrobatique synchronisé assez impressionnant. Je pense qu'ils se préparaient pour la fête nationale du 6 août. Pas mal de gens qui faisait leur footing, des couples qui s'embrassaient sur les bancs publics, des jeunes qui jouaient aux cartes. J'ai vraiment réalisé l'écart avec Ibiato ou Trinidad où toute ces choses sont absentes. Jamais je n'ai vu de couples s'embrasser ou de jeunes faire du sport. Le changement de climat n'y est évidemment pas pour rien, et je retrouve d'ailleurs des looks vestimentaires bien plus proches des looks occidentaux.

On dirait que cette maison a été tracé au crayon, non ?
Et celle-ci à grand coup de peinture pure.
Il y a beaucoup de touriste et encore plus dans les lieux les plus courus comme la Recoleta, une place en haut d'une colline avec une jolie vue sur la ville. Il s'y trouve un chouette musée sur la culture locale où j'ai pu apprendre plein de choses sur les tapis et danses traditionnelles de la région. Il y a aussi un chouette marché et un cimetière qui a droit à son propre article. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'avoir Sucre comme base pour une étude à l'étranger serait infiniment mieux que Trinidad. Même si j'ai des collègues qui étudient encore plus loin de la ville, j'ai vraiment réalisé le changement de vie auquel j'étais forcé en étudiant si loin de tout, dans un endroit si peu intéressant, où les touristes ne vont pas, où il n'y a rien à faire sinon élever des poules et des enfants.
Ici en revanche, même les ouvriers lisent le journal sur la place principale.
Et il y a des théâtres. J'ai aussi pu voir une expo d'art persan et écouter un bout de hard rock lycéen.
J'ai pu profiter de la ville, et encore plus lorsque mes collègues sont arrivés et qu'ils ont débarqué dans mon hôtel, sur mon conseil. On a formé le temps d'un souffle une petite communauté de linguistes tout à fait agréable. Il y avait un marxiste canadien, un curieux britannique, une anarchiste allemande, une vive hollandais et une amusante allemande mariée à un bolivien. Un brin de monde, tous intéressants et autonomes au possible. Pas d'activités de groupes donc, sinon des soirées à trinquer au mojito et à la bière locale, qui vaut bien celle que je bois parfois au village.
Voici le marché noir, ce qui est son vrai nom, et effectivement, on y trouve surtout des produits tombés du camion, comme on dit.
Et voilà le marché paysan, où il est possible de trouver de tout, mais c'est un tel bazar qu'une chatte n'y trouverait pas ses petits.
Je termine de préparer ma présentation dans l'après midi puis passe la soirée à réviser un article avec une collègue avant de m'enfoncer sous la couette en me disant que je ne vais sûrement intéresser personne. J'ai parlé une vingtaine de minutes sur l'évolution des méthodes documentaires et du rapport entre le document et l'objet, en prenant comme focus le siriono. Je pense que j'aurais pu rendre ça plus intéressant que ce que j'ai réussi à faire, mais au moins j'ai montré quelques jolies photos et pu discuter de ça avec des gens intéressants. A vrai dire, à notre journée linguistique, rare étaient les étrangers, les anthropologues ou historiens à venir nous écouter. La moitié d'entre nous était pourtant à une présentation de ces gens là la veille, à les écouter parler de la région où nous faisons nos études, avec un autre point de vue. J'ai pu discuter ainsi avec deux historiennes espagnoles qui étudient dans mon coin et avec qui je vais échanger quelques informations.
Une jolie tour Eiffel, non pour la forme mais pour l'homme.
A l'origine, servait comme observatoire, aujourd'hui comme sympathique point de vue.
Autour s'étend le parc Bolivar, avec un joli petit canal au centre.
Je me suis éclipsé fourbement le temps d'une présentation pour retourner à un endroit que j'avais repéré plus tôt, un fabricant de charango qui en avait d'assez beau. Le charango est un instrument de musique traditionnel des Andes, une sorte de petite guitare à cinq cordes doublées à l'octave, dont la caisse de résonance était autrefois faite du corps d'un tatou. Aujourd'hui ils sont fait de beau mais continuent à être utilisés dans la musique populaire de cette partie de la Bolivie. A défaut d'avoir un inexistant instrument siriono pour m'occuper les semaines à venir, j'aurai ce curieux objet dont je joue un peu comme d'un ukulélé, ce qui donne un son étonnant.
Un autre fait bizarre, un anniversaire avec défilé sous ma porte d'une dizaine de voitures couvertes de peluches,
couvertures colorées, vaisselles et autres choses duveteuses.
Une autre vue de la ville, avec de jolis câbles électriques.
Après un dernier repas délicieux avec mes collègues, je m'endors plein de souvenirs et un peu anxieux pour mon retour, car il doit se faire dès le lendemain de ma présentation, sans attendre la fin du congrès. La fête d'Ibiato m'attend avec son défilé traditionnel, qui doit avoir lieu le soir du premier août, jour même où je quitte Sucre. Le vol jusqu'à Santa Cruz se passe sans problème, d'autant que ma collègue allemande est par coïncidence du voyage, ce qui nous permet de boucler notre article, tout en profitant de la magnifique vue sur les collines du sud de la Bolivie. Arrivé à Santa Cruz, j'appelle mon hôte au village pour savoir ce qu'il en est et il me dit qu'ils sont pas prêt, qu'ils reportent au lendemain. Ouf. J'appelle alors mon collègue français, partis donner à la communauté avec laquelle il travaillait le résultat définitif de son étude. Il est dans le bus, en voyage pour Santa Cruz où je peux le retrouver tranquillement l'après midi, avant de voyager de nuit pour Ibiato, où m'attend la fête du village et sa musique permanente empêchant tout repos.
Une vue d'une rue en pente que je trouve plutôt jolie.
Et une dernière vue depuis la Recoleta où il servent du grog à base de café.